Les allergies de l’été chez l’enfant au niveau ORL
photo de l'auteur absente
par
Pierre POPOWSKI
(
Pédiatre )
Spécialité de l'article :
Pédiatrie
Parution du
04/06/2010 pour la lettre n°
56
Les allergies de l’enfant représentent un vaste cadre, objet de préoccupations quotidiennes pour les parents et le pédiatre. Ce cadre englobe des maladies aussi diverses que l'asthme, l'eczéma, le rhume des foins ou les réactions à certains médicaments (antibiotiques, aspirine…)
Dans ce cadre, il faut faire une place à part aux allergies O.R.L. en raison de leur fréquence (un enfant sur deux dans une consultation hospitalière d’ORL), de leur association possible avec certaines manifestations plus graves comme l'asthme, et de leur retentissement chez l’enfant sur la scolarité, le sommeil, le comportement, sans parler du coût pour le budget familial, justifiant l’éducation thérapeutique des parents dans un but d’automédication raisonnée.
LES MANIFESTATIONS DE L'ALLERGIE ORL CHEZ L'ENFANT
Elles sont au nombre de quatre :
1 - les rhinopharyngites à « potentiel allergique ».
Elles représentent les manifestations les plus fréquentes de l’allergie respiratoire supérieure, apanage des enfants à partir de 7 ans, mais pouvant atteindre aussi les très jeunes enfants avant 4ans.
Leurs particularités sont à retenir :
- éternuements en salves avec écoulement aqueux (coryza) très abondant transformant le nez en une véritable fontaine. Ce coryza peut devenir peu à peu purulent.
- soudaineté de leur apparition d'un jour à l'autre sans signes prémonitoires, évolution brève et disparition quasi immédiate dans certaines conditions atmosphériques, climatiques ou saisonnières.
- Mais surtout absence de fièvre et incessante répétition, avec leur association fréquente à des symptômes oculaires (rougeur, larmoiement, prurit, sensations de piqûre, de brûlure, …), qui finissent par ren¬dre leurs manifestations hautement évocatrices de I’allergie. La TOUX peut être associée aux symptômes ORL.
2 – les rhino – sinusites.
Elles sont l'aboutissement local des rhinites allergiques qui au bout de quelques mois ou années entraînent une obstruction nasale permanente, des maux de tête, parfois un écoulement verdâtre reflétant une surinfection. Leur traitement est plus difficile.
3 - les polypes des fosses nasales.
Rares avant dix ans. Le symptôme le plus souvent retrouvé, en dehors de l’obstruction nasale, est la perte de l’odorat (anosmie).
4 - les otites séro – muqueuses.
Fréquentes, elles sont plutôt une complication de l’allergie en ORL, secondaire à l’obstruction nasale et à l’hypertrophie de la muqueuse, qui gênent le bon fonctionnement de la trompe d’Eustache.
QU’EST-CE QUE L’ALLERGIE ?
Nous avons vu que la manifestation la plus courante de l’allergie ORL chez enfant est la rhinite et, en été, la rhinite pollinique. Car l’allergie est l'expression d'une rencontre d’un TERRAIN et d’un ENVIRONNEMENT. Elle peut se définir comme la capacité d’un organisme à réagir excessivement ou anormalement à certaines substances de l'environnement présentes en quantité si faibles qu'elles ne sont pas susceptibles d'entraîner les mêmes réactions chez des sujets dits normaux. Le terrain, donc l'hérédité, jouent un rôle important, puisque 90% des enfants présentant une rhinite pollinique ont des antécédents allergiques familiaux. Mais l'environnement joue aussi un rôle important, par la quantité et la qualité des substances en suspension dans l’atmosphère. Le fait que les symptômes allergiques ORL surviennent en ETE est caractéristique de la POLLINOSE, ou allergie aux pollens. La période privilégiée se situe entre la première quinzaine d’avril (arbres) et le 15 juillet (graminées), avec un maximum en juin, au moment ou la pollinose atmosphérique est la plus dense. Mais ce sont essentiellement les pollens de graminées (dactyle, phléole, pâturin des prés…) qui sont retrouvés dans plus de 90% des cas. Lorsque la séquence saisonnière se poursuit au-delà du 15 juillet, jusqu'en août et septembre, c’est le pollen de plantain qui est responsable, associé ou non à d'autres herbacées (armoise) et aux urticacées (pariétaire) qui sévissent essentiellement en milieu méditerranéen.
En dehors des pollens, l’été peut voir survenir des symptômes ORL dus à d'autres substances causales ou agissant comme cofacteurs aggravants, en particulier des polluants industriels (S02, oxydes d'azote, ozone...). Ils transforment les petits patients, hantant les cabinets de pédiatres, en véritables « sentinelles » reflétant très précisément le niveau de pollution de l'atmosphère de nos villes (et de nos campagnes !)
Enfin, dans tous les cas, il faut savoir que l'environnement psycho-affectif joue aussi un grand rôle dans le déclenchement des crises.
TRAITEMENT DES ALLERGIES ORL ESTIVALES DE L’ENFANT
Contrairement à certaines idées reçues, il faut dire que l'allergie ORL de l’enfant n'est pas bénigne : elle peut évoluer vers des affections invalidantes, voire graves, comme la maladie asthmatique, et elle DOIT ÊTRE TRAITÉE.
Naturellement, la prévention vient au premier plan, quand on sait que l’allergie est favorisée :
- par la consommation de lait de vache par la mère pendant la grossesse et par l'enfant après la naissance,
- par la prise de certains médicaments par la mère pendant la grossesse (progestérone),
- par la date de l'accouchement (sont propices au développement de l'allergie les périodes d'avril à mai et de septembre à novembre),
- par les conditions d'accouchement (tout accouchement anormal peut provoquer des anomalies immunitaires),
- par la pollution atmosphérique et alimentaire
- par le tabagisme familial
- par certaines maladies virales, et par le STRESS en général.
-
Traitement homéopathique
Il agira sur les symptômes locaux par certains petits remèdes, et sur la globalité par le traitement de fond.
ÉCOULEMENT NASAL IRRITANT
- avec yeux rouges :
SABADILLA : crise allergique annoncée par un chatouillement du palais obligeant le malade à plaquer sa langue sur celui-ci pour arrêter les éternuements abondants en salves ; amélioration en buvant chaud.
KALIUM IODATUM : coryza aqueux irritant aggravé par l'air frais, amélioré dans une chambre chaude ; douleurs de la racine du nez.
- sans yeux rouges :
ALLIUM CEPA: coryza clair, abondant, excoriant les narines et la lèvre supérieure ; éternuements ; aggravation dans une chambre chaude, amélioré en plein air ; « l’enfant empoigne son larynx ».
ARSENlCUM ALBUM : écoulement épais et transparent, continuel, brûlant, amélioré par la chaleur ; paupière inférieure gonflée.
SCILLA MARITIMA : coryza aggravé par le froid avec toux.
ARALIA RACEMOSA : écoulement aqueux salé aggravé par le moindre courant d'air ; toux au coucher.
ÉCOULEMENT NASAL NON IRRITANT
- avec yeux rouges :
EUPHRASIA : larmoiement oculaire constant, aggravé par le froid, le grand air, la nuit, amélioré par la chaleur ; douleurs des sinus ; toux diurne uniquement.
SOLANUM LYCOPERSICUM : rougeur oculaire et toux sèche nocturne, aggravée par l’air froid, améliorée dans une pièce chaude.
SOLIDAGO VIRGA : coryza avec asthme.
CUPRUM ACETICUM : coryza aggravé par le froid, les émotions.
- avec yeux et nez qui grattent :
SUCCINICUM ACID : coryza et toux aggravés air froid.
PHLEUM PRATENSE : début d'été avec asthme.
ARUNDO DONAX : prurit de l'oreille et du palais.
COMOCLADIA : douleur oculaire aggravée la nuit, améliorée à l’air frais.
FAGOPYRUM : prurit des narines et trompe d'Eustache ; maux de tête sus-orbitaires ; améliorés par l’eau froide ; croûtes de narines et lèvres gercées.
CYCLAMEN : prurit de l'oreille amélioré au grand air ; alternance de rhino et d’obstruction.
POLYPES ET OBSTRUCTION NASALE
TEUCRIUM MARUM : renâclement de mucosités et goût de moisi dans la gorge ; nez bouché aggravé dans une pièce chaude et par l’humidité.
STICTA PULMONARIA : mêmes symptômes, mais la toux est améliorée par l’écoulement nasal, aggravée par les changements de température.
SANGINARIA CANADENSIS : Coryza irritant aggravé par le vent, la nuit et le froid ; douleurs brûlantes à la racine du nez.
Tous les remèdes ci-dessus sont à prendre en 4 CH, 3 granules toutes les heures ou deux heures jusqu’à amélioration des symptômes.
OTITES SERO-MUQUEUSES.
Il n’est pas question de traiter ici cette pathologie complexe.
TRAITEMENTS PREVENTIFS
L’AUTO-ISOTHERAPIE n’est malheureusement plus réalisable de nos jours, à cause du principe de précaution.
POLLENS 15 CH : une dose globules par semaine, à commencer un mois avant la période pollinique.
POUMON HISTAMINE 15 CH : une dose par semaine pendant la période incriminée.
TRAITEMENT DE TERRAIN
Il est bien entendu du ressort du médecin homéopathe. Lui seul permettra d'obtenir une guérison complète et définitive.
illustration absente