Spécialité de l'article : Psychiatrie
Parution du 17/09/2024 pour la lettre n° 113
Il s'agit de l'histoire d'un jeune homme de 17 ans et demi d'origine éthiopienne, adopté à l'âge de 13 ans par un couple ayant 3 enfants, résidant en Haute Loire qui avait déjà adopté son frère et sa soeur plus jeunes. Sa scolarité était normale car il avait rattrapé son retard linguistique. C'était un enfant affectueux, sans difficulté d'éducation, épanoui.
Le 1er mai 2012, il est victime d'un violent traumatisme crânien lors d'un match de foot. Il ne perd pas connaissance mais est sonné et ne termine pas le match, puis il rentre chez lui. A ce moment, il est un peu prostré. Deux jours plus tard, il présente des 'difficultés d’élocution lors d'une conversation en famille et commence à avoir une attitude ébrieuse. Le 4 mai, son médecin de famille présent au match également conseille son transport au pavillon d'urgence pour un scanner et IRM. Ceux‐ci ne montrant rien, il rentre chez lui. Pendant 6 jours, il va rencontrer différents troubles comme de l'asthénie, de l'anorexie, des troubles de l'élocution, des propos incohérents, de l’insomnie ; il ne peut plus rester seul.
Le 11∙ mai, il retourne au service des urgences pour passer un nouveau scanner qui est TOUJOURS NORMAL. Comme il présente une grande agitation, voire une agressivité avec un discours inadapté, ceci va entraîner son hospitalisation en HOPITAL PSYCHIATRIQUE au Puy en Velay. Lors de son admission, le courrier suivant est joint à son dossier, signé par le chef de service :
"patient admis arrivant du CHU ST-ETIENNE pour une prise en charge d'une agitation. En somme, désorganisation neuropsychiatrique de la pensée avec un comportement psychotique. Le bilan neurologique ne montre aucune anomalie".
Le 13 mai, hospitalisé donc, il est prostré, présente une révulsion oculaire ; il n'y a pas de possibilité de' communiquer avec le patient, il est mutique. Il refuse de manger et.de boire.
Bien‐sûr les traitements, tranquillisants puis psychotiques sont mis en route, ce qui n’améliorera pas du tout son∙ état. Il présente un regard hagard, un discours incohérent et incompréhensible. Il se promène nu dans sa chambre et paraît angoissé et apeuré. Il présente une hypersalivation.'
Le 1er juin (un mois plus tard), devant l'inquiétude des parents, il est montré dans un service de médecine interne qui, après avoir éliminé plusieurs pathologies organiques, CONFIRME LA PATHOLOGIE.PSYCHIATRIQUE. Il est maintenu en chambre d'isolement, présente des attitudes catatoniques, souille sa∙ chambre et ne répond que par "oui" on "non". Il ne réagit pas non plus aux stimuli vocaux et ne suit pas du regard (qui est triste et vide).
Les psychiatres reconnaissent l’échec des neuroleptiques et introduisent des antidépresseurs (Anafranil en perfusion)
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On est le 6 juin (+ 3∙semaines d'hospitalisation).
Le 12 juin, voici le courrier du psychiatre joint dans le dossier :
"syndrome dissociatif avec inadaptation comportementale". Ses parents n'ont qu'un droit de visites très limité pendant lesquelles il serre ses parents contre lui sans pouvoir émettre un seul son.
Etant de leur famille par ma compagne, je suis amené à connaître l'histoire de ce garçon et le cas me semble tellement extraordinaire que je m'empresse de consulter la rubrique dans le "répertoire de Kent": suite de commotion cérébrale.
En étudiant chacun des remèdes de cette rubrique, la lecture dans la matière médicale de KENT "HELLEBORUS NIGER" décrit exactement le cas.
Voici les extraits de la matière médicale de KENT
HELLEBORUS NIGER, la rose de Noël, est utile dans les affections du cerveau, de la moëlle épinière, du système nerveux dans son ensemble et de l'esprit, mais spécialement dans les maladies inflammatoires aigues du cerveau, de la moëlle épinière et de leurs séreuses, ainsi que dans les troubles voisins de la démence. Il y a chez lui une sorte particulière d'imbécilité, de stupéfaction du corps et de l'esprit.
L'aboutissement en est l'inconscience. Inconscience complétée en rapport avec de la congestion cérébrale ou de l'inflammation, accompagnés de stupéfaction. Le malade HELLEBORUS NIGER traîne pendant des semaines et quelquefois des mois dans cet état de stupéfaction avec une émancipation progressive. Quand on l'interroge, il répond lentement. Il ne fait que dévisager le médecin avec des yeux hagards et une expression hébétée. La mine est celle d'un grand malade, les traits sont tirés, il y a une émaciation progressive. Vous penserez que le malade est sur le point de mourir. C'est très vraisemblable sans HELLEBORUS. Ce remède convient au genre de cas auquel l'allopathe ne comprend rien et pour lequel il ne possède aucun remède. Son pronostic est toujours défavorable.
J'appelle le‐chef de service qui est un ami .et obtiens, difficilement, l'autorisation de lui faire passer une dose de "HELLEBORUS NIGER 30 CH, ce qui est fait le 15 juin : un mois et demi après, le traumatisme crânien et un mois après son hospitalisation. ∙
‐ 4 jours après, on peut lire dans le dossier médical "légère amélioration".
. ‐ 6 jours après : meilleur contact ce jour ; répond aux questions simples, mange à nouveau et avec bon appétit. Il devient de plus en plus réceptif.
On assiste donc à une amélioration progressive et spectaculaire. Il reprend les 5 kg perdus.
_‐ 10 jours après la prise de la dose, à nouveau il présente un mutisme plus important une nouvelle dose lui est administrée : HELLEBORUS NIGER 1 000 K. Ensuite, les psychiatres constatent un très bon contact, il répond aux questions.
L'amélioration va aller croissante ; il sort dans la cour.
‐Le 30 juin : il est toujours à l 'isolement. II commence à être conscient qu'il est hospitalisé et souhaite∙ rentrer chez lui. ∙
Les∙ différents entretiens deviennent de plus en plus cohérents.
LE 9 juillet : il peut enfin sortir de la chambre d'isolement pour rejoindre les chambres communes. Devant l'amélioration qui se confirme, il sort, par étapes ; quelques sorties avec. ses parents en ville puis quelques, permissions à la maison jusqu'à sa ."LIBERATION" le 27 juillet mais avec OBLIGATION DE SUIVI PSYCHIATRIQUE en ambulatoire et ordonnance de sortie avec anti‐dépresseurs et tranquillisants dont il va se débarrasser progressivement.
Très rapidement, il a repris une vie tout à fait normale avec scolarité et diverses activités. IL VA TRES BIEN.
COMMOTION cérébrale : CONCUSSION of brain: arn., bell., carc., cic., hell., hep., hyos., hyper., kali‐p., ∙led., merc., nat‐s., ph‐a.c., rhus‐t., sep., sul‐ac., zinc.
"Les cas de torpeur mentale, de perte de mémoire et d’obnubilation consécutifs à un traumatisme crânien peuvent être traités avec de bons résultats par Helleborus. Farrington (Clinical Materia Medica), Hayes (The homoeopathic Recorder) et Foubister (Tutorials), décrivent divers cas très intéressants.
Voyons le cas de Farrington :
"Pour bien démontrer la dépression d’Helleborus, je peux citer son emploi couronné de succès dans un cas de choc par un coup sur la tête. Arnica avait échoué, et le malade devint assoupi ; une pupille était plus grande que l’autre ; le patient répondait lentement aux questions, comme si sa compréhension était imparfaite ; en marchant, il traînait la jambe. Le pouls était à peine de 50 par minute. Le malade était plus mal entre 4 et 8 heures de 1 'après‐midi. Helleborus guérit ce cas. "
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Hayes expose six cas de traumatisme crânien traités avec Helleborus. La majorité des cas présentaient des troubles mentaux un à trois ans après le traumatisme, avec des radiographies normales, mais avec des lésions neurologiques que nous pourrions peut‐être détecter aujourd'hui grâce à la Résonance Magnétique Nucléaire (IRM) ou bien par Tomographie Axiale Assistée par Ordinateur (Scanner), qui mettent en évidence des œdèmes ou des hémorragies localisées . ..
Le docteur Griggs expose le cas d’un médecin résidant (le docteur Gordon) au Children’s Homoeopathic Hospital, victime d’un accident de la circulation avec traumatisme crânien, suivi de perte de connaissance. L'administration d’Arnica, n’apporta aucun changement ; il présentait un tableau typique de traumatisme crânien persistant, avec perte de connaissance, dilatation de la pupille, émission involontaire d’urine, etc.
Après qu’on lui ait fait une ponction lombaire et qu’on lui ait extrait du liquide rachidien, il s’améliora un peu, reprenant conscience de façon temporaire, avant de rechuter peu après. Le docteur Griggs lui administra Helloborus 200, après quoi le docteur Gordon reprit conscience et retrouva ses capacités mentales. Mateu Ratera