Spécialité de l'article : Généraliste
Parution du 01/10/2005 pour la lettre n° 40
La période automnale est annuellement chargée (voire surchargée) d’appels téléphoniques pour des demandes de consultations ; les patients cherchent avant tout à éviter ce qu’ils ont vécu l’hiver précédent pour leurs enfants ou pour eux-mêmes. La motivation est fréquemment poussée par l’étonnement que leurs proches, ayant eu une prévention homéopathique n’ont pas passé l’hiver avec une consommation impressionnante d’antibiotiques, de paracétamol, d’aspirine, de cortisone ou de sirops en tout genre.
Les adultes ne sont certes pas épargnés par ce régime pharmaceutique, mais à cette époque de l’année, force est de reconnaître que la demande infantile domine très nettement ; en ce qui me concerne, ma salle d’attente prend souvent des allures de crèche ou halte-jeux, le mercredi ou les autres jours après 17 heures, et j’adore ça.
La première démarche, une fois les présentations et les constitutions de dossiers faites, est de tourner les pages du carnet de santé, d’abord pour tenter de recenser la liste des pathologies diverses que l’enfant a subies, presque toujours d’origine O.R.L. ou bronchique, mais surtout de consulter les pages des listes impressionnantes de vaccins, en évitant de faire transparaître le sentiment d’accablement que l’on ressent à chaque fois devant ce massacre immunitaire à la seringue toute auréolée d’une gloire « pasteurienne », si ancestrale dans l’hexagone.
Une des forces remarquables de l’homéopathie est de pouvoir effectuer une levée de barrage contre ces injections répétitives quasi-mensuelles, afin que les médicaments indiqués puissent fonctionner de façon optimale ; ainsi je n’hésite pas à prescrire en alternance hebdomadaire des dilutions en 30CH de Genhevac ou EngerixB, de ROR, Pentacoq, et bien sûr je prescris VAB (dilution de vaccin antituberculeux), en prenant bien soin de remonter chronologiquement les prescriptions des vaccinations les plus récentes vers les plus anciennes. Une précision concernant le vaccin Prevenar ; en dilution homéopathique il coûterait les yeux de la tête ; comme il s’agit du Pneumocoque que nous n’avons pas en nomenclature j’utilise Enterococcinum qui correspond à un germe qui lui est très proche. S’il apparaît toutefois une sensibilité ciblée d’un vaccin inclus dans une vaccination combinée, pensons à Diphterotoxinum, Pertussinum, Morbillinum.
Ces pages de carnet de santé si fièrement tamponnées nous orienterons vers les prescriptions de Thuya, Silicea, Sulfur en fonction des symptômes observés et du terrain.
Soyons également en alerte devant une éventuelle….et probable "pathogénésie" (expérimentation) déclenchée par le support adsorbant de nombreux vaccins, l’hydroxyde d’alumine, qui est en fait notre Alumina. Chez des sujets sensibles, on peut ainsi déceler l’apparition d’une constipation, de sécheresse des muqueuses, de sécheresse cutanée ou oculaire, de douleurs des membres à type de tiraillements ou de crampes, et des instabilités de caractère avec des difficultés de concentration.
Vient ensuite la recherche du ou des médicaments homéopathiques adaptés au patient. Nous sommes obligés de nous référer aux pathologies développées lors des hivers précédents, pour faire une prévention pour le suivant.
Citons quelques médicaments qui « ressortent »le plus fréquemment dans cette prévention hivernale
Mercurius solubilis, si remarquable contre les angines, rhinopharyngites… entre autres
Dulcamara, véritable pilier des jours humides, en compagnie de Natrum sulfuricum et Rhus toxicodendron
Kali bichromicum, Hydrastis, Sambucus, évitent l’impressionnante consommation de boîtes de mouchoirs.
Kali muriaticum, Mercurius dulcis, Ferrum phosphoricum, Arsenicum album, Aurum, permettent bien souvent aux enfants et aux parents de ranger les otites au rayon des mauvais souvenirs.
Arum triphyllum, Arnica, Causticum, Spongia, Argentum nitricum évitent de décimer les rangs des chorales, et luttent contre l’absentéisme scolaire …des enseignants, habitués à se retrouver sans voix. Argentum nitricum est particulièrement remarquable pour éviter aux enfants les laryngites du week-end soumis à une atmosphère tabagique.
Drosera, Cuprum, Bryonia, Spongia permettent de se passer de sarcasmes du genre « Qu’est ce que c’est agaçant de t’entendre tousser sans cesse, comme ça ! Va te faire soigner ! »
Antimonium tartaricum, Ipeca, Blatta orientalis, Coccus cacti, Senega, Stannum, Calcarea carbonica, Grindelia, Lobelia, tous sont d’excellents ramoneurs broncho-pulmonaires
N’oublions pas la classique prévention contre la grippe, avec Influenzinum que je prescris en 9CH à raison de 5 granules, une fois par semaine, d’octobre à mars, ainsi que son compère Sérum de Yersin, si Influenzinum est mal supporté, ou si la grippe a eu une forte expression intestinale les années précédentes
La période automnale et hivernale est une saison où la nature est en manque d’énergie, et beaucoup de personnes nous consultent afin de ne pas subir une forte baisse de moral, voire un état dépressif, lorsque les jours diminuent et que la nuit « tombe » de bonne heure, que le plafond nuageux grisonnant nous prive d’un soleil réparateur, les difficultés de la solitude s’en retrouvent exacerbées. Nous pouvons aider ces patients à passer cette mauvaise période avec des médicaments tels que Thuya, Ambra grisea, Ignatia, Natrum muriaticum, Sepia
Enfin gloire aux « anciens » pour terminer cette rubrique, qui voient arriver les jours humides avec des craintes pour leurs vieilles douleurs, des difficultés à se lever, améliorées après avoir fait quelques pas et après une douche bien chaude. Nous chercherons à les soulager avec Rhus toxicodendron, Natrum sulfuricum, Dulcamara, Calcarea fluorica, et Causticum, voire Medorrhinum si, au contraire, l’humidité les soulage.
L’apport des oligo-éléments et de la phytothérapie, associés à l’homéopathie permet une réduction considérable de consommation d’anti-inflammatoires et d’antalgiques eux-mêmes précurseurs de médications anti-gastralgiques, ce qui n’est tout de même pas négligeable en ces périodes où les économies de prescription sont requises à juste titre.