Spécialité de l'article : Généraliste
Parution du 10/12/2017 pour la lettre n° 85
1 - La médication aveugle. L’adage, souvent entendu « Si ça ne fait pas de bien, cela ne peut pas faire de mal ! » est complètement idiot ! Ou un remède est efficace et il peut l’être dans les deux sens, en bien comme en mal, ou il est inefficace donc complètement inutile ! Il faut des années pour former un bon homéopathe. Ce dernier a besoin de temps et d’expérience pour connaître les remèdes qu’il va prescrire, ainsi que la technique pour chercher et trouver celui qu’il doit prescrire. La lecture même attentive, d’un livre, si bon soit-il, ne suffit pas !
2 - La consultation homéopathique. Elle peut donc durer plus d’une heure : il faut en effet retrouver la totalité des symptômes individuels, surtout les plus rares, bizarres et curieux du patient. Puis il faut chercher le remède susceptible de provoquer tous ces symptômes chez un individu en bonne santé. Cela demande une certaine technique et prend aussi du temps (parfois beaucoup)
3 - Le remède homéopathique. Il a perdu toute toxicité car il a été dilué en cascade, souvent au point qu’il ne subsiste rien de matériel dans la solution. Et pourtant il est encore capable de provoquer une réaction. (Voir travaux de J. Benvéniste & L. Montagner). à chaque étape il a été fortement secoué (les homéopathes disent qu’il a été dynamisé, ce qui est une réalité) Il a été essayé sur homme sain pour voir quels symptômes il provoque. Tout cela a été enregistré dans de volumineux ouvrages qu’il faut étudier et bien connaître (les matières médicales et répertoires)
4 - Les modes de prescription. Traditionnellement ils sont au nombre de trois : le complexisme, le pluralisme et l’unicisme Remarque On ne connaît pas les interactions entre nos divers remèdes. Ils peuvent : agir de concert, parfois (rarement) se compléter, se neutraliser, se contrarier etc… Cela peut être la source de drôles de surprises et suffit à déconseiller l’usage simultané de plusieurs d’entre eux.
- Le complexisme. On mélange plusieurs remèdes à activité organotropique identique ou voisine pour en faire un seul médicament. Le but est commercial : on veut pouvoir donner une indication clinique pour soigner une maladie et favoriser l’automédication. Le prix de ce remède complexe est rentable pour le laboratoire. Il est parfois efficace. Mais cette efficacité est incertaine car on a abandonné la notion d’individualisation, l’un des trois piliers fondamentaux de l’homéopathie
- Le pluralisme. C’est le mode de prescription de praticiens pas très surs d’eux. Hahnemann les traitait de pseudo-homéopathes. Ils prescrivent plusieurs remèdes différents en même temps ou à des moments différents de la journée. Là encore les remèdes peuvent se contrarier et le résultat n’est donc pas toujours au rendez-vous. Les meilleurs de ces praticiens donnent d’abord un remède de drainage, avant de viser un organe ou le type sensible du patient.
- Le pluralisme involontaire. J’appelle ainsi le fait de donner une poignée de remèdes homéopathiques en même temps. C’est souvent le cas d’un laïc après lecture d’un ouvrage de vulgarisation du type: « L’homéopathie en 2 leçons ». Évidemment il faut alors énormément de chances pour obtenir un résultat rarement satisfaisant. Ayant eu le plaisir et l’honneur d’enseigner cette thérapie, j’estime qu’il faut quatre ans de travail pour l’exercer
- L’unicisme. Appelé aussi « Homéopathie classique » dans certains pays, c’est la méthode de choix préconisée par Samuel Hahnemann. Le thérapeute prescrit un seul remède qui doit couvrir l’ensemble des symptômes présentés par son patient. C’est la technique de prescription la plus difficile certes mais aussi la plus efficace.
5 - La durée du traitement. En France il y a environ 80 granules dans un tube. Hahnemann disait que la plus petite dose du remède suffit. Cela ne veut pas dire qu’il faut terminer le tube. En effet, une fois que le remède a atteint son but c’est à dire la guérison, la poursuite du traitement va aboutir à un « proving ». Le patient va alors refaire la pathogénésie du remède et donc voir resurgir les symptômes qui viennent de guérir. La maladie guérie va donc repartir de plus belle et dans certains cas, peut aboutir à la mort (exemple : dans une hémorragie)
6 - Antidoter le traitement quand il y a aggravation. Rappelons que le remède homéopathique bien choisi renforce dans un premier temps les symptômes présentés par le patient pour que ce dernier réagisse ensuite dans la direction opposée. Il est donc normal que l’organisme traité, réagisse par une aggravation avant de rebondir Cette aggravation de première intention est signe que l’organisme du patient réagit à la sollicitation thérapeutique. Il faut donc absolument la respecter. Elle est d’un excellent pronostic. Elle est généralement seulement physique et excrétrice alors que le mental va mieux. Un homme dirait « ça va plus mal mais je me sens mieux!»
7 - La « suppression ». Elle consiste à supprimer un symptôme généralement le plus gênant sans toucher au fond de la pathologie. Cette dernière continue alors à évoluer en profondeur. Le cas de notre patient s’aggrave et risque fort de se terminer en tragédie : On a fermé le couvercle de la cocotte-minute sans la retirer du feu, la suppression ? Qu’est-ce ? Pour l’exemple prenons le cas d’un individu allergique. Au départ il présentera de l’urticaire. Supprimons les symptômes cutanés gênants (cortisone ou Urtica urens 5 CH). L’allergie continue en profondeur et s’exprime par de l’asthme L’étouffement va céder à un bronchodilatateur (Ventoline ND) mais l’allergie va continuer. Une fois de plus on a éliminé le symptôme le plus gênant mais c’est au prix d’une aggravation profonde qui peut être une forme de maladie de Parkinson.
Pour éviter cette suppression Il faut toujours prescrire sur la TOTALITÉ DES SYMPTÔMES. Rappelez-vous qu’en début de traitement il y a souvent une aggravation de première intention (signe que l’organisme réagit au renforcement de ses symptômes provoqué par le remède). Pour reconnaître cette aggravation : elle est normalement purement physique, le plus souvent c’est une excrétion. Le mental doit aller mieux. « ça va plus mal mais je me sens mieux ! »
8 - Trop se presser. Certes dans les affections aigües, l’homéopathie agit vite (une quinzaine de minutes dans les coliques du cheval par ex.). Mais dans les maladies chroniques, il faut laisser à l’organisme le temps de se reconstruire, surtout si des lésions sont apparues. Parfois le traitement consiste à enlever une couche après l’autre, comme lorsqu’on épluche un oignon. Il faut laisser à un remède le temps de terminer son action avant de tout bousculer par une nouvelle prescription, fut-ce du même remède.
9 - Choisir la dilution au hasard. La dilution-dynamisation ne doit pas être choisie au hasard : elle complète la similitude ! Elle doit être choisie en fonction de l’individu soigné et des symptômes qu’il présente. Dans le doute, mieux vaut partir sur une basse dilution. Son effet dure moins longtemps. Cela permet de rectifier le tir plus rapidement.
10 - Prescrire sur le « type sensible ». Bien des ouvrages décrivent un « type sensible » physique. Par exemple le type sensible de Pulsatilla serait la walkyrie wagnérienne : grande blonde mamelue aux yeux bleus. Il n’y aurait dès lors pas de Pulsatilla chez les Bantoues ou les Inuits ? Il s’agit là d’une notion physique statistique, donc d’un signe qui n’a rien d’individuel donc d’homéopathique.
Un traitement homéopathique est réussi quand le mental et le physique du patient sont tous deux au beau fixe pour longtemps. D’où l’importance du suivi du cas pour le thérapeute.
Merci de m’avoir lu ou écouté