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L’isothérapie en agriculture

photo de l'auteur
par Abdelaziz Yaacoubi
( Ingénieur agronome homéopathe)


Spécialité de l'article : Agro-homéopathie

Parution du 14/12/2021   pour la lettre n° 101


L’isothérapie peut être définit comme étant un procédé thérapeutique qui utilise à dose infinitésimale la source même d’un état pathologique.
En agriculture, c’est Johann Josef Wilhelm Lux (1773-1849), vétérinaire contemporain de Hahnemann, qui, en 1831, sur la demande d’un propriétaire hongrois de lui fournir des remèdes homéopathiques contre la morve, a eu l’idée de diluer une goutte de mucus nasal d’un animal atteint de morve et d’en faire prendre à tous les animaux malades.

Le succès obtenu l’incite à entreprendre d’autres essais, dont le résultat est publié dans un livre édité à Leipzig en 1833 : « L’isopathie des contagions où toutes les maladies contagieuses portent dans leurs propres produits de contage, le moyen de leur guérison ». L’isothérapie ou isopathie dans le domaine agricole est née. Donc aux deux méthodes thérapeutiques utilisées jusqu’alors, l’allopathie (Contraria contrariis curantur) et l’homéopathie (Similia similibus curantur), Lux ajoute l'isothérapie (Aequalia aequalibus curantur), c'est à dire "l'identique est guéri par l'identique"
D’un point de vue technique, la production agricole souffre de plusieurs problèmes, dont deux sont les plus dominants : l’augmentation de la toxicité des produits chimiques utilisés, et leur impact limité sur le contrôle des bioagresseurs. Ce qui se traduit par de faibles rendements, des produits agricoles contaminés et de moindre qualité, et une pollution accrue provoquant des dommages au niveau du sol, des cultures, des animaux et de l’homme, producteur et consommateur compris.
Le problème de faibles rendements causés par les préjudices provoqués par les ravageurs et les maladies est de plus en plus important. Pour cette raison, l’agro homéopathie peut être une alternative aux deux problèmes, en soulignant notamment que l'application de toute dynamisation homéopathique appliquée dans la production agricole est atoxique, non polluante et donc ne nuit pas à l'écosystème, y compris l'homme.
Tout remède homéopathique utilisé dans la santé humaine, est susceptible d'être utile en homéopathie des plantes et des sols, mais comme il n'y a pas d'expérimentation pure en agro-homéopathie, on ne peut en deviner l'utilité que par des analogies, qui ne sont pas toujours adéquates. Pour cette raison, les références sur les expériences des chercheurs et des agriculteurs et le recours à l’isothérapie sont la source la plus fiable.
Dans le domaine agricole, les isothérapeutiques sont généralement préparés à partir de bioagresseurs (insectes, acarien, tissus végétaux malades, …), des sols, ou de tout agent causant la maladie ou le déséquilibre physiologiques. Dans ces cas, pour la préparation de l’isothérapeutique, et par une certaine analogie avec ce que suggère Hahnemann, les critères que l’on utilise habituellement pour décider du choix du processus de préparation (teinture hydroalcoolique ou trituration au lactose) sont :

   Par manque de pharmacopée en agro homéopathie, il n'y a pas une manière unique de préparation de teinture-mère. Parfois, dans une situation de terrain, on fait ce qu’on peut avec ce que l’on a. Pour cette raison, il est important de noter ce qui a été fait dans chaque cas, afin de reproduire la procédure si elle a donné de bons résultats.

Une précaution importante à prendre cependant, est de s'assurer de la souche (ce qui est capturé). Il faut bien identifier le ravageur et s’assurer qu’il est en très bonne


Puceron parasité
Puceron parasité

santé et dans son meilleur état d’agressivité. Ne pas utiliser de ravageur mort ou affaiblie et surtout s’assurer qu’il est indemne de parasitoïdes.
Par exemple lors de la collecte des échantillons de pucerons pour fabriquer un isothérapique, il faut s’assurer que ce sont des pucerons non parasités.

Ces deux photos correspondent à des pucerons parasités par un micro-hyménoptère. Ce sont ceux qui sont plus gonflés.  Lorsque l'hyménoptère, dont la larve s'est développée à l'intérieur du puceron, a atteint le stade adulte, il émerge du puceron en laissant un trou, comme on peut le voir dans l’agrandissement des deux photos.
L'échantillon de sol à prélever pour fabriquer l’isothérapique dépendra du type que l’on veut obtenir :

  Sur la base des rapports des agriculteurs qui ont expérimenté l’isothérapie sur les plantes, on peut déduire qu’elle constitue un outil scientifique et technique qui permet de travailler avec la vitalité environnementale. Elle est pratique – car elle ne pose pas de problèmes éthiques comme dans le cas des êtres humains –, reproductible, rapide et permet l'utilisation d'un grand nombre d'individus.

Si, d'une part, ces expériences servent à prouver l'effet des substances préparées selon la pharmacopée homéopathique sur les plantes, d'autre part, si elles ne sont pas correctement conçues selon les principes homéopathiques, le risque d'échec peut être grand.
Les agriculteurs qui ont utilisé l’isothérapie du sol, quant à eux, la recommande comme une ressource qui favorise la détoxification. Elle entraîne des améliorations, telles que: une plus grande vitalité du système, une augmentation de la matière organique et la diversité des animaux et des plantes spontanées dans le sol. Il y a aussi des améliorations dans la couleur et "l'odeur" du sol, en plus du développement de plantes saines. Les résultats observés sur le terrain par les agriculteurs sont en accord avec Andrade (2004), qui a vérifié une augmentation de l'activité microbienne du sol lorsqu'il est traité avec la préparation homéopathique faite à partir du sol lui-même, l'intensité de la réponse étant fonction de la puissance. Sur la période d'utilisation, environ un an, il a été constaté que la préparation homéopathique du sol interférait avec l'accumulation de carbone organique du sol et la diversité des plantes spontanées.
Sur la base des publications académiques, et compte tenu des 54 travaux (consacrés à l'effet des substances dynamisées sur les plantes), trouvés dans la littérature ; 20 références d'articles scientifiques sont réservées à l'isothérapie chez les plantes. Sur les 20 travaux, 15 ont été réalisés par des groupes de recherche brésiliens et 5 par des groupes européens. Les cinq travaux européens traitent de l'inversion de l'effet toxique du trioxyde d'arsenic sur la germination des graines, en utilisant la même substance dynamisée. Les études brésiliennes ont utilisé des agents pathogènes, des ravageurs dynamisés ou l'hôte lui-même comme source pour la préparation de l’isothérapique. Dans 16 études (80 % du total), les auteurs ont rapporté une différence statistiquement significative entre le traitement isothérapeutique et le témoin.
Prendre soin des agrosystèmes avec l’isothérapie, c'est gérer et surveiller le traitement du sol, de l'eau, des plantes, des animaux et de la famille agricole car ils font tous partie du système.
Ces expériences et d'autres montrent à quel point l'homéopathie peut être puissante pour aider à résoudre des problèmes sur le terrain, et même à améliorer les performances, et qu'il vaut la peine de travailler dans cette direction.
     Mais il faut tenir compte du fait que l'homéopathie a besoin que les gens mènent une vie saine sans mettre d'obstacles à la guérison. Hahnemann dit au paragraphe 260 de l’organon
     "C’est surtout dans le traitement des maladies chroniques qu’il importe de déceler soigneusement tous les obstacles possibles à la guérison, puisque déjà elles sont d’ordinaire aggravées par eux, ou par d’autres facteurs, souvent méconnus, dus à des erreurs dans le régime ou le genre de vie et exerçant une action pathogène."
     
Il parle de régime et de genre de vie. Si l'on transpose ce paragraphe au cas des plantes, il faut se demander quel est le régime alimentaire et le genre de vie appropriés pour leur guérison. On peut trouver ici une réponse dans les principes agronomiques posés par l'agriculture biologique et l’agriculture écologique, en contraste clair avec l'agriculture conventionnelle intensive, notamment.

Puceron parasité
Puceron parasité

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