Spécialité de l'article : Gynécologie
Parution du 03/09/2010 pour la lettre n° 57
Trois grands axes de prévention du cancer du sein peuvent être envi-sagés chez la femme.
Deux concernent les choix personnels de vie de chacune et peuvent facilement être remis en cause et contrôlés : d’une part comment s’alimenter, d’autre part comment se soigner ?
Le troisième est collectif et environnemental. Il doit être appliqué au niveau national et se trouve lié au fait que nous côtoyons de plus en plus de molécules industrielles à pouvoir hormonal œstrogénique : sont concernés certains herbicides, insecticides, des matières plastiques, des solvants, des plastifiants… Les dioxines, composés organo-chlorés (dibenzodioxines polychlorées (PCDD), dibenzofuranes polychlorés (PCDF), biphényles polychlorés (PCB) issus principalement des inciné-rateurs de déchets, sont des perturbateurs endocriniens qui s’accu-mulent dans la graisse des produits laitiers (de vache et maternel) et dans le tissu adipeux des seins ; elles augmentent notamment le risque de cancer du sein chez la femme. Les métaux lourds comme le plomb, le mercure, le cadmium renforcent l’action carcinogène de ces molécules appelées aussi xéno-œstrogènes. Les enfants, les femmes et les hommes de tous les pays industrialisés sont susceptibles d’être touchés. Le lien est prouvé avec une augmentation notamment des malformations uro-génitales du nouveau-né, des cancers du sein chez la femme, des cancers de la prostate, des testicules et une modification de la fertilité du sperme chez l’homme.
L’alimentation et certaines thérapeutiques notamment hormonales com-me les pilules œstro-progestatives, les hormones progestatives et les traitements hormonaux de la ménopause (et antérieurement le Distilbène pour lequel on retrouve des taux augmentés de cancer du sein à la première génération) font partie intégrante pour les épidé-miologistes des données environnementales susceptibles d’augmenter les risques de cancer [1].
C’est donc tout notre environnement qui peut être en cause comme autant d’éléments multiples positifs et négatifs se cumulant, susceptibles de perturber notre fragile équilibre cellulaire.
Ainsi certains facteurs de risque peuvent être accessibles et contrôlés en vue d’une prévention individuelle : changer d’alimentation et limiter la consommation d’alcool, lutter contre le surpoids, arrêter le tabac, pratiquer régulièrement une activité physique, faire appel à des techniques d’aide à la gestion du stress ; empêcher tout contact avec des substances radioactives, limiter l’exposition aux rayons X et aux radiations électromagnétiques pulsées ; éviter ou limiter la prise de médicaments dont certains sont officiellement classés cancérigènes [2] et faire appel aux médecines alternatives et complémentaires pour les remplacer si cela est possible.
D’autres facteurs de risque sont subis comme les antécédents familiaux de cancers du sein et de l’ovaire, l’âge, la nulliparité [3], l’âge de la première grossesse, l’absence d’allaitement maternel [4], les premières règles précoces ou une ménopause tardive qui augmentent l’exposition des glandes mammaires à ses propres œstrogènes. La consommation de viandes et produits laitiers (ces derniers contiennent de plus des pesticides et de la dioxine) issus d’animaux ayant reçu des hormones de croissance serait un facteur de risque supplémentaire.
Dans le cadre de la prévention du cancer du sein, il convient d’éviter ou de limiter les temps de prise tout au long de la vie des femmes de certains médicaments allopathiques hormonaux ou à action hormonale indirecte.
Docteur Bérangère Arnal
[1] Pr Dominique Belpomme, Ces maladies créées par l’homme, Editions Albin Michel 2004. Avant qu’il ne soit trop tard, Editions Fayard, 2007.
[2] Les pilules œstro-progestatives et les THM, traitements hormonaux de la ménopause, ont été officiellement classés comme substances cancérigènes du groupe 1 (ceux dont l’action est certaine) par le CIRC, Centre international de recherche sur le cancer, en 2005. Cogliano V, Grosse Y, Baan R, Straif K, Secretan B, El Ghissassi F; WHO International Agency for Research on Cancer. Carcinogenicity of combined oestrogen-progestagen contraceptives and menopausal treatment. Lancet Oncol 2005; 6: 552-3.
[3] Le fait de ne pas avoir eu d’enfant.
4] L’allaitement maternel permet une maturation de la glande mammaire qui est en partie protectrice.
Un site www.auseindesfemmes.com et deux ouvrages développent ce sujet :
Comment enrayer « l’épidémie » des cancers du sein et des récidives ?,
Pr Henri Joyeux et Dr Berengère Arnal,
Éd.François-Xavier de Guibert (2e éditions), 389 pages, 29 €
et un ouvrage co-écrit par Dr Bérengère Arnal et Martine Laganier journaliste, sur la prévention du cancer du sein et l'accompagnement par les médecines complémentaires, à sortir en octobre 2010, Editions Eyrolles