Spécialité de l'article : Dermatologie
Parution du 01/09/2009 pour la lettre n° 53
Cet article est né de l’expérience acquise en quinze ans de pratique dermatologique, après quinze ans de pratique homéopathique générale, et dix ans de soins au Centre Thermal de La Roche Posay. Soucieux d’obtenir le meilleur rapport « résultats / inconvénients » pour nos patients, nous avons testé et utilisé différentes techniques peu agressives de traitement de l’acné et de ses séquelles, dont le laser, avec des résultats intéressants que nous vous rapportons ici. Les techniques que nous avons utilisées sont en général peu connues et peu développées, particulièrement dans les milieux médicaux où les traitements locaux, les antibiotiques et l’isotrétinoïne (Roaccutane®) par voie buccale sont souvent les seules alternatives proposées. Pourtant, elles méritent d’être mieux connues, particulièrement chez les personnes sensibles et réactives et chez celles qui se soignent habituellement par l’homéopathie.
HISTORIQUE- PREVALENCE
L’acné, mot féminin dans la langue française, est une affection du follicule pilo-sébacé (le poil + la glande qui le lubrifie) dont l’origine reste encore partiellement obscure, mais dont le traitement a beaucoup progressé ces dernières années.
L’hypersensibilité des récepteurs cutanés aux hormones mâles ou dérivés en est probablement une des causes principales. Mais le mode de vie actuel est responsable de la prévalence de cette maladie dans les pays industrialisés.
L’apparition de l’acné nécessite la réunion de plusieurs facteurs :
- le bouchon corné (le fameux« point noir »)
- l’hypersécrétion de sébum (ou « peau grasse »)
- la colonisation du pore par une bactérie spécifique (Propio-nibacteriumacnes),
- une anomalie hormonale.
LE PROCESSUS DE FABRICATION DES « POINTS NOIRS »
Pour comprendre l’acné, il faut connaître l’anatomie de la peau. La glande sébacée est située le long du poil et se vide dans le pertuis formé par l’émergence du poil, que l’on nomme l’infundibulum pilaire, ou « pore » dans le langage commun.
Les personnes qui souffrent d’acné sécrètent trop de sébum, essentiellement par hypersensibilité des récepteurs cellulaires de la glande sébacée aux hormones mâles. L’évacuation de ce sébum en excès à la surface de la peau donne une peau grasse. Le sébum accumulé à la sortie du pore se mélange avec les cellules mortes ou cellules cornées de la surface de la peau, formant ainsi le « bouchon corné » ou comédon ouvert. L’oxydation du sébum à l’oxygène de l’air le fait noircir, ce qui donne naissance au « point noir ». Lorsque la couche cornée recouvre le sébum et l’empêche de sortir, il se forme un « comédon fermé » ou « microkyste » sous la peau.
LES TRAITEMENTS UTILISÉS
Les traitements que nous utilisons sont principalement des techniques dites non invasives, donc non agressives. La majorité des patients sont d’abord traités par l’association de plusieurs techniques non agressives : nutrithérapie, homéopathie, cosmétologie douce, et lasers ou lampes avec radiofréquence.
LA NUTRITHÉRAPIE
L’alimentation a longtemps été considérée comme sans aucun rapport avec l’apparition de l’acné à l’adolescence ou avec son entretien chez les personnes d’âge mûr. Pourtant, l’observation stricte et objective des habitudes alimentaires de mes patients m’a convaincue du contraire, et la mise en application des principes qui en découlent ne fait que confirmer cette impression clinique acquise au fil des ans. En effet, la consommation excessive de graisses animales et de graisses cuites, ainsi que celle de produits industriels sucrés artificiellement, associée à l’insuffisance de consommation de légumes frais et de fibres, semblent très liées à l’apparition ou l’aggravation des acnés en général et de celles des adolescents en particulier. A telle enseigne qu’une de mes jeunes patientes, amenée en consultation par sa mère un mois après la consultation de son frère aîné atteint également d’acné, m’a déclaré avoir été améliorée déjà à 50% rien qu’en appliquant les règles diététiques que j’avais données à son frère un mois plus tôt en sa présence !
L’HOMEOPATHIE
L’homéopathie est remarquablement efficace en association avec les traitements locaux et il est beaucoup plus rare d’avoir recours aux tétracyclines et à l’isotrétinoïne par voie buccale lorsque l’on utilise cette méthode. Parmi les remèdes symptomatiques, choisis en fonction de l’aspect des lésions et de la physiopathologie de l’acné, nous retiendrons uniquement ceux qui nous semblent régulièrement actifs dans notre pratique quotidienne. Ils seront classés selon leur mode d’action probable :
- action sur le bouchon corné et l’hypersécrétion sébacée : SELENIUM, ANTIMONIUM CRUDUM, BRYONIA, NATRUM MURIATICUM, SULFUR IODATUM.
- action sur l’inflammation et les kystes : CALCAREA PICRATA, HEPAR SULFUR, CALCAREA SULFURICA, ARNICA, mais surtout KALIUM BROMATUM et ANTIMONIUM TARTARICUM.
L’acné prend de nos jours des aspects un peu différents car elle atteint de plus en plus souvent des femmes d’âge mûr et prend alors la plupart du temps une localisation mandibulaire, atteignant les bas du visage et le cou, sous la forme de gros kystes inflammatoires douloureux, durs et très lents à « mûrir ». Cet aspect est probablement lié à la consommation régulière et prolongée d’hormones de synthèse, dont l’effet androgénétique (de type hormone mâle) est encore mal élucidé.
- action sur les conséquences de facteurs aggravants :
o les acnés provoquées par des produits chimiques néces-siteront une isothérapie (préparation homéopathique du produit responsable) rudente du produit incriminé lorsqu’elle est réalisable.
o les chocs et stress nerveux nécessiteront l’adjonction d’un médicament adapté tel que Nux vomica, Ignatia, Staphysagria…
o les déséquilibres endocriniens demanderont la prescription d’hormones diluées.
La relation médecin-malade dans l’acné présente une caractéristique très particulière liée à la tendance dépressive que manifestent souvent les patients acnéiques chroniques, aussi le médecin homéopathe est-il tout à fait à sa place, lui qui prend en compte le patient dans sa globalité. L’homéopathe dermatologue étudie d’abord le terrain puis les causes acquises ou facteurs aggravants, en plus de la physiopathologie et de l’aspect clinique.
LES LASERS, LAMPES FLASH ET RADIOFREQUENCE
Les autres techniques comprennent essentiellement l’utilisation de lasers et lampes flash avec radiofréquence, actifs sur la glande sébacée et sur la colonisation bactérienne. La machine que nous utilisons rassemble deux technologies superposées et complémen-taires :
- la lumière bleue ou lumière intense pulsée, filtrée pour ne garder que les longueurs d’onde situées dans le bleu de l’arc en ciel ; ces longueurs d’onde, en se liant avec les porphyrines de la membrane de la bactérie Propionibacteriumacnes, la font éclater, ce qui donne un effet comparable à celui des antibiotiques ou encore du soleil, mais sans leurs inconvé-nients.
- La radiofréquence contrôlée, courant proche des micro-ondes, qui va progressivement « faire fondre » l’excès de la glande sébacée hypertrophique, comme le fait l’isotrétinoïne, mais sans les effets secondaires de cette molécule, (qui « sèche » non seulement les glandes sébacées, mais toutes les glandes de l’organisme).
C’est l’association originale de ces deux phénomènes qui produit une disparition progressive puis définitive des lésions d’acné, sans aucun effet secondaire, avec un recul de 7 ans maintenant.
LA ROSACÉE
Appelée improprement « acné rosacée », la rosacée n’est pas une acné mais plutôt une pathologievasculaire de la face, de même origine que lacouperose, et qui, à ce titre, répond à un autre titre de traitement, tant en homéopathie qu’en lasers. En effet, les lasers indiqués dans la rosacée sont les lasers vasculaires, et non ceux qui agissent sur la glande sébacée.
LES RESULTATS OBTENUS
Les résultats obtenus par l’association de ces différentes méthodes sont très encourageants. Les effets secondaires sont pratiquement nuls : mis à part quelques réactions à type de rougeurs après la séance de laser, il n’existe pas d’effets secondaires. Ces méthodes gagnent à être connues et nous déplorons sincèrement le fait que les pouvoirs publics et nos universitaires ne prêtent attention qu’à des méthodes certes plus lucratives pour nos grands laboratoires pharma-ceutiques mais tellement plus agressives pour notre population, essentiellement formée de jeunes patients.