Spécialité de l'article : Agro-homéopathie
Parution du 10/12/2017 pour la lettre n° 85
La chenille processionnaire du pin est le stade larvaire d’un papillon de nuit, le Thaumetopoea pityocampa de la superfamille des Notodontoïdés, famille des Thaumétopoéidés, genre Thaumetopoea.
La teinture mère est préparée à partir de chenilles vivantes.
A/ Généralités :
Le cycle de vie de la processionnaire du pin se déroule généralement sur une année complète. Il est très variable selon le type de climat et l’altitude considérés.
Comme chez tous les lépidoptères, il se décompose en trois phases successives : la phase adulte caractérisée par les papillons, la phase larvaire qui comprend à cinq stades de chenilles différenciés (L1 à L5), et la phase nymphale qui correspond à la transformation des chenilles en chrysalides.
Papillons : Les papillons émergent du sol de juin à septembre. Les femelles émettent une phéromone sexuelle appelée « pityolure » dans le but d’attirer les mâles pour l’accouplement. Elles pondent ensuite environ 200 œufs autour de deux aiguilles de pin, pendant une durée de 3 ou 4 heures.
Pontes : Les pontes forment des manchons typiques de 2 à 5cm de long. Les femelles peuvent pondre sur toutes les espèces de pins présentes dans le bassin méditerranéen, ainsi que sur les cèdres de l’atlas, néanmoins, elles montrent des préférences lorsqu’elles sont en présence de plusieurs essences. Le choix de l’arbre hôte semble alors lié à différents critères :
- la situation de l’arbre : arbres se découpant sur fond clair,
- le diamètre des aiguilles (Démolin, 1969),
- la rugosité du support (Démolin, 1969).
Par ailleurs, des composés volatils, notamment le limonène, émanant des aiguilles de certaines essences (Pinus pinea, Pinus radiata) pourraient agir comme un répulsif et constitueraient ainsi un système de défense des arbres contre les chenilles (Tiberi et al., 1999).
L’ordre de préférence de la femelle de Thaumetopoea pityocampa pour déposer ses œufs, déterminé par G. Démolin (Démolin, 1969) est, par ordre de sensibilité décroissante :
- pin noir (Pinus negra) et notamment le pin noir d’Autriche,
- pin sylvestre (Pinus sylvestris),
- pin maritime (Pinus pinaster),
- pin pignon ou parasol (Pinus pinea),
- pin des canaries (Pinus canariensis),
- pin d’Alep (Pinus halepensis),
- cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica)
L’éclosion des œufs survient entre 30 et 45 jours après l’émergence des adultes, plus précisément quand la somme des températures moyennes journalières atteint 780°C. La période d’éclosion va en général de fin juillet à fin septembre.
Chenilles : La phase larvaire comprend 5 stades de chenilles différenciables selon 3 critères :
- la quantité de soies,
- la taille de la chenille (en longueur et diamètre),
- le volume de sa capsule céphalique.
La construction du « nid » commence dès la sortie des chenilles (L1). Elles tissent un entrelacement de soie très léger autour du manchon de ponte appelé pré-nid. Tout au long de leur évolution larvaire, les chenilles resteront groupées.
Les chenilles s’alimentent la nuit en procession reliée au nid par un fil de soie. Cette alimentation nocturne est réglée par photopériodisme (la durée de la période d’obscurité), cependant, une prise de nourriture diurne est possible dans certaines conditions exceptionnelles (surpopulation ou températures nocturnes très froides). A chaque changement de stade larvaire, les chenilles entrent dans une période de mue et arrêtent de s’alimenter.
Dès l’arrivée des premiers froids, la colonie commence la construction d’un nid d’hiver, véritable radiateur, qui va permettre la survie de la colonie. Une étude a montré l’importance de la température et de l’éclairement dans le choix du lieu d’élaboration du nid d’hiver. En effet, ces nids sont toujours situés à l’extrémité des rameaux de l’hôte, la plupart du temps exposés au sud. Le nid capte les rayons infra-rouges et peut afficher une différence de température de 20°C par rapport à l’air ambiant. Cependant, il n’a pas de rôle d’isolation et c’est bien le regroupement des chenilles qui permet de conserver une température élevée pendant la journée (Démolin, 1967 dans dossier INRA J.C. Martin).
Les chenilles de stade L5 se mettent en procession de nymphose, de février à mai. Cette procession peut durer plusieurs jours pendant lesquels les chenilles cherchent un endroit adéquat où s’enfouir (profondeur comprise entre 5 et 20 cm selon la nature du sol).
Chrysalides : Une fois enterrées, les chenilles se transforment en chrysalides et entrent en diapause. Cette phase souterraine peut durer de quelques jours à plusieurs mois, voire deux à trois ans suivant les conditions climatiques. Elle peut même atteindre 5 ans lorsque les conditions sont défavorables (Markalas, 1989 dans dossier INRA J.C. Martin).
Risques sanitaires : La processionnaire du pin est connue pour être responsable de nuisances sanitaires sur les arbres, sur les hommes et les animaux. En effet, les chenilles se nourrissent des aiguilles de pins et de cèdres, et entraînent des défoliations qui se traduisent essentiellement par une fragilisation des arbres et un ralentissement de leur croissance, sans entraîner pour autant leur mort. Toutefois, ils deviennent beaucoup plus sensibles aux attaques d’autres insectes xylophages ainsi qu’aux stress hydriques et thermiques
Les chenilles causent également des problèmes sanitaires aux humains du fait de la libération dans l’air de poils urticants très allergènes pouvant provoquer des atteintes cutanées (démangeaisons pouvant mettre jusqu’à deux semaines à disparaître, œdèmes…), des atteintes oculaires (glaucome, cataracte…) ou encore des atteintes respiratoires (crise d’asthme…).
Clarke évoque : « …le cas d’un garçon qui avait secoué d’un arbre un grand nombre de chenilles, tombées sur son torse nu et lui causant des démangeaisons si graves qu’il avait dû courir pour demander de l’aide. Une fièvre s’était alors installée, accompagnée de somnolence puis de délire, avant que la mort ne s’ensuive finalement »
Didier Grandgeorge rapporte : « … on m’amène en consultation un enfant de 10 ans qui présente un tableau typique de torsion du testicule. Je le regarde dans les yeux et lui lance « tu as touché les chenilles ? » Il rougit et avoue « papa ne voulait pas que je m’en approche, mais j’ai voulu savoir ce qu’il y avait dedans ! ». Je lui donne 3 granules de BOMBYX et l’envoi dare-dare à l’hôpital. Arrivé là-bas il ne présente plus de douleur et la grosse bourse s’est dégonflée.
Par la suite j’ai vu plusieurs cas de torsion du testicule qui ont cédés à la suite d’une prise de BOMBYX PROCESSIONNARE ».
Il ajoute : BOMBYX PROCESSIONNARE correspond à des patients qui s’autocastrent devant le père ou le maître. Par extension on pourrait y penser devant les adeptes d’une secte qui suivent leur gourou en procession, s’autocastrant de toute détermination personnelle ».
Certains animaux sont aussi exposés aux risques. Le symptôme le plus souvent rapporté est la nécrose de la langue, qui peut parfois s'accompagner d'œdèmes des babines et de vomissements
B/ Expérience clinique :
Chenilles arpenteuses des légumes, larves de tenthrèdes, noctuelles, piéride du chou et autres chenilles
C/ Apparence :
Les espèces les plus redoutées pour la gravité de leurs dégâts sur les plantes cultivées sont les noctuelles et les teignes. Les noctuelles terricoles sont très polyphages et très voraces : elles provoquent des ravages sur de nombreuses espèces, en particulier sur jeunes plantations de salades, persil, épinard, chou…
En maraîchage biologique, les dégâts sont particulièrement importants pour les cultures succédant aux prairies. Les premiers dégâts observés sont provoqués par les jeunes chenilles qui consomment les premières feuilles ou cisaillent les apex. Les larves de dernier stade sont les plus redoutées car elles rongent le collet des plantes et peuvent entraîner de fortes pertes dans les plantations.
Les ravages des noctuelles défoliatrices et des fruits en cas de pullulations des larves de derniers stades, en particulier en fin d’été, sont importants non seulement dans les serres sur tomate, aubergine, poivron, laitue mais également en cultures de plein champ sur chou, artichaut, épinard, pois…
La noctuelle de la tomate Helicoverpa (= Heliothis) armigera est une des espèces les plus nuisibles sous abris, essentiellement sur tomate, poivron, aubergine… En Provence, c’est le 2ième vol (juin) qui entraîne les dégâts importants rencontrés à partir de juillet. Au 1er stade, les chenilles sont arpenteuses et consomment les jeunes feuilles ; c’est au 2ième stade larvaire que la chenille pénètre dans les fruits et les perfore de galeries, les rendant non commercialisables.
Parfois importants les chenilles de la Noctuelle du chou Mamestra brassicae dévorent surtout les feuilles centrales des choux et par conséquent les dommages ne sont souvent détectés que tardivement.
Les teignes dont les espèces les plus préoccupantes sont la Teigne des Crucifères (Plutella xylostella), la Teigne du poireau (Acrolepiosis assectella), la Teigne de l’artichaut (Agonopterix subpropinquella) et la Teigne de la pomme de terre (Phthorimaea operculella).
Leurs dégâts fréquents et graves, sur chou, chou-fleur, brocoli : en pépinière, dégâts importants sur jeunes plants ; en culture, les chenilles rongent d’abord les feuilles externes puis se dirigent progressivement vers les feuilles du centre, qu’elles réunissent avec des soies et souillent de leurs excréments ; dégâts possibles sur bourgeons. Sur brocoli, la présence des cocons dans les pommes entraîne des pertes importantes à la récolte.
La 2ième génération de la teigne du poireau ou “ver du poireau” Acrolepiopsis assectella est souvent plus importante et cause les dégâts les plus graves : l’aspect lacéré des poireaux les rend invendables et les lésions favorisent l’installation des pourritures. Sur oignon, les chenilles provoquent le dessèchement partiel des bulbes.
Les piérides dont les 2 espèces les plus nuisibles en cultures de légumes sont la Piéride du chou (Pieris brassicae) et la Piéride de la rave (Pieris rapae) qui causent toutes deux des dégâts importants sur Crucifères. Les feuilles des choux sont perforées, rongées ; de plus les excréments délayés par la pluie s’accumulent dans le cœur des plantes et les rendent non consommables.
D/ Besoins en eau : pas de besoin particulier
E/ Relation : Comparable : Cantharis, Sambucus nigra, Valeriana officinalis, Viburnum opulus