Spécialité de l'article : Agro-homéopathie
Parution du 29/08/2019 pour la lettre n° 92
La staphysaigre, (herbe aux poux, dauphinelle, pied d’alouette) appartient à la vaste famille des ranunculaceae (ou renonculacées) avec environ 2400 espèces regroupées actuellement en plus de 60 genres. Dans l’hémisphère nord, le genre Delphinium L. compte environ 450 espèces. Parmi lesquelles, 53 existent sur le pourtour de la Méditerranée, dont 10 en France. Au Maroc, il est signalé uniquement dans le Rif et la péninsule tangitane.
Ce genre se divise en 4 sous-genres : Delphinastrum, Delphinium, Oligophyllum et Staphysagria. Si les trois premiers ne sont que peu représentés en France, ce n’est pas le cas du dernier, dont les trois espèces y sont présentes.
A l’intérieur du genre Delphinium, Staphysagria forme une entité monophylétique vraiment originale par sa distribution uniquement circumméditerranéenne, son écologie mésophile, son cycle monocarpique, son autogamie importante, et de nombreuses autres particularités morphologiques, anatomiques, phytochimiques et cytogénétiques.
C'est pour cela que de récentes études considèrent Staphysagria comme le survivant d’une lignée marginale apparue au début de la différenciation du genre Delphinium.
Staphysagria, se divise en deux ensembles bien distincts :
• Delphinium Staphysagria L. : espèce sténo méditerranéenne à répartition large allant des Canaries à l’Asie mineure ; qui se distingue par la couleur bleu foncé de ses fleurs, la brièveté et la forme de son éperon, la forme et la taille de ses follicules et de ses graines, ainsi que par sa robustesse générale.
• Delphinium pictum Willd. : complexe paléo endémique de
Méditerranée occidentale, à aire restreinte et morcelée, comprenant l’île de Majorque (Baléares), la Sardaigne, la Corse et enfin l’archipel des îles d’Hyères.
En France, les trois taxons constituant D. Staphysagria bénéficient d’une protection (Liste nationale, Annexe I) due à leur localisation et à leur rareté. De plus ils sont inscrits à l’annexe I (espèces prioritaires) de la Liste Rouge. Ainsi en France les deux delphinium Staphysagria et Pictum sont considérés comme "en danger" (cotation U.I.C.N.), tandis qu'au niveau mondial D.pictum comme D.requienii sont "vulnérables". Donc seul D. Staphysagria semble bénéficier d’un sursis au plan mondial malgré des régressions notables dans certaines parties de son aire (France, Italie, Espagne)
Le remède homéopathique est préparé à partir des semences de la plante. Sa pathogénésie a été établie par Hahnemann dans « Matière médicale pure »
A / Généralités :
Le potentiel d’une plante médicinale est attribué à l’action de ses constituants phytochimiques. Ils sont produits comme métabolites secondaires, en réponse au stress environnemental ou pour assurer un mécanisme de défense contre les agressions biotiques ou abiotiques subies par les végétaux. Le delphinium est utilisé en homéopathie, en médecine populaire et en floriculture.
- Le delphinium en médecine populaire : Depuis Dioscoride les extraits du delphinium ont été utilisés contre les poux et les scorpions. En médecine traditionnelle turque, ces extraits ont été utilisés contre les crises d'épilepsie, des tremblements dus au tétanos,
contre la rage, et comme agents de vomissement.
Au Maroc, connu dans son aire de répartition naturelle sous le nom de « Habbat Rass », où la plante peut dépasser un mètre de hauteur, elle est très largement utilisée par les tradipraticiens contre les névralgies, la diurèse, les maux de dents, la chute des cheveux, et comme antipelliculaire et anti-poux.
Ces différentes activités biologiques et pharmacologiques : antioxydante, antifongique, anti-poux, psychotrope, antalgique et anti-inflammatoire des extraits de graines de Delphinium Staphysagria, ont été confirmées par des études réalisées à la faculté de médecine de Rabat en 2014, permettant de justifier et de confirmer les indications thérapeutiques traditionnelles à base de ces graines. Ces études ont également confirmé l’innocuité des extraits aqueux, de l’huile essentielle et de l’huile végétale de ces mêmes graines aux doses thérapeutiques.
- Delphinium en horticulture ornementale : Très apprécié en floriculture où il est utilisé à de multiples fins, en plantes à massifs, en bordures, en pots et même en fleurs coupées. Ses très nombreuses espèces et variétés permettent de bénéficier d'une grande diversité de coloris : pastels ou soutenus, dans des tons de bleu, de violet foncé, de lilas, de mauve, de rose ou de blanc. Les delphiniums sont ainsi des plantes parfaites pour jouer sur les contrastes, les nuances et les dégradés, et transformer un massif en remarquable tableau impressionniste. Selon les variétés, les fleurs peuvent être larges ou menues, simples ou doubles, en épis très serrés, denses, ou au contraire plus lâches, les tiges florales peuvent être
ramifiées ou non... Les delphiniums peuvent ainsi se montrer très sophistiqués ou plus discrets. Ils peuvent aussi être utilisés en culture annuelle ou comme plantes vivaces.
- Delphinium en homéopathie : Son activité homéopathique pour le règne animal, peut se résumer en un seul mot « irritabilité », mais irritabilité active, agressive ou réactionnaire, touchant tout le système nerveux, sensitif et sympathique, et en particulier la sphère génito-urinaire mais également la sphère mentale.
Staphysagria serait aussi un remède de peau de muqueuses, de glandes et même de tissus durs comme les dents et les os qu’il irrite.
Pour le règne végétal, Staphysagria est conseillé dans le cas des plantes sensibles aux maladies et parasites à cause de leur amélioration génétique et aux végétaux plantés en milieu froid et très ombragé.
Il est également très efficace dans la lutte contre les ravageurs piqueurs suceurs type acariens, pucerons, cochenilles, mais aussi les nématodes. Il permet aussi de maîtriser les invasions de mouches de fruits de la famille des tephritidae (cératites, drosophiles, …).
Staphysagria est également un remède de premiers secours par excellence puisqu’il hâte la cicatrisation des coupures et des plaies tranchantes nettes faites par des objets coupants ( greffoir, sécateur, serpette , …) lors de tailles, de greffages ou d’habillages pour un meilleur enracinement.
B/ Expérience clinique :
• Suites de blessures en général : transplantation à racines nues après habillage, taille, élagage, ou greffage, …
• Suites de dommages causés
par infestation des pucerons, des cochenilles ou des acariens.
NB : de tous les remèdes que nous avons essayé sur les pucerons à Skoura, Staphysagria est celui qui nous a marqué le plus par son action profonde et durable. Utilisé sur amandiers, pour lutter contre le puceron géant du pêcher Pterochloroides persicae, en avril 2013, son action est toujours persistante, puisqu’en juillet 2019, nous n’avons toujours pas remarqué de pucerons sur les amandiers traités.
C/ Apparence :
Le puceron géant du pêcher : Pterochloroides persicae est un puceron (Hemiptera, Aphididae) qui vit généralement en colonies sur les troncs et les charpentières des rosacées à noyau ; parfois sur les rosacées à pépins. Ces colonies vont jusqu'à former des manchons noirs, elles sont mobiles et peuvent apparaître ou disparaître dans la journée en fonction de l'heure et de l'ensoleillement
Il s'agit d'un puceron de très grande taille puisque l'adulte mesure environ 4,5 mm. Ces pucerons en colonies abondantes affaiblissent les arbres par le prélèvement important de sève et peuvent parfois entrainer la mort d’une branche ou même de la totalité de l’arbre, surtout en période de sécheresse. De plus, ils excrètent une grande quantité de miellat qui couvre toute la zone occupée par le végétal, et qui provoque la formation de fumagine, réduisant ainsi la photosynthèse, et diminuant dans la majorité des cas, le poids volumique des fruits. On peut aussi observer un flux très important de fourmis et des déformations de fruits.
D/ Besoins en eau :
Les besoins sont légèrement supérieurs à la normale.
E/Relations :
Comparable à Cimicifuga, Coccinella sept., Syrphida larva, Chrysoperla