Spécialité de l'article : Endocrinologie
Parution du 01/05/2008 pour la lettre n° 49
C’est un titre bien provocateur. Un caprice d’éditeur ou une réelle remise en question d’idées reçues comme quoi l’homéopathie ne traiterait que de la bobologie ?
Quoique notre formulation de départ fût de confier la thyroïde à l’homéopathe, et plus encore au médecin homéopathe.
Nous défendons le fait dans nos responsabilités syndicales, et de notre société savante que l’homéopathie, c’est une affaire de médecins. Car il y a un réel danger qu’elle ne soit reléguée à une automédication ou prescrite par des thérapeutes non médecins.
Ce livre que nous avons coécrit le Dr Jean Paul Coppin et moi surprendra toute personne connaissant peu l’homéopathie, et irritera le spécialiste qui se demandera de quoi viennent se mêler ces médecins à vocation particulière. Ce livre inquiétera le médecin homéopathe confirmé pour qui la pathologie et la maladie sont une étiquette qui passent au second plan par rapport à une prise en charge globale de l’individu souffrant.
En fait l’un n’empêche pas l’autre. Notre démarche est double, nous sommes médecins à part entière et sommes appelés à nous perfectionner dans l’art médical et utiliser toutes les ressources diagnostiques et thérapeutiques officielles, nous pratiquons les examens indispensables, faisons appel aux spécialistes quand nous le jugeons nécessaires mais nous avons un plus. Nous avons un regard et un abord de médecin homéopathe, avec une thérapeutique qui quand elle est juste peut faire réagir le patient en profondeur et dans son ensemble. Lors de formations et de congrès nous avons eu l’occasion de partager des observations de patients atteints d’affections thyroïdiennes. Une thyroïdite pendant la ménopause a été suivie par homéopathie seule et a permis l’amélioration des examens biologiques avec un recul de plus de cinq ans, telle autre patiente a vu des nodules thyroïdiens régresser, une autre a pu diminuer la dose de Levothyrox, telle autre ne supportait pas le traitement car la fonction thyroïdienne était instable, et tout rentre dans l’ordre avec le traitement homéopathique conjoint.
Ayant mis en commun ces observations, et les ayant exprimé dans nos manifestations nationales, un confrère le Dr Horvilleur me rejoint à la fin de notre intervention : « en entendant votre intervention, votre sujet ferait un bon livre.. », le défi était lancé.
Dans cet ouvrage sont relatées dans un langage simple les différents tableaux cliniques, pour que chacun puisse s’y retrouver, patient ou médecin.
Ne nous illusionnons pas non plus, nous ne faisons pas de miracles, une glande épuisée ne peut être régénérée, de la même façon que dans le diabète insulinodépendant, l’insuline est indispensable, de même dans l’hypothyroïdie avérée, la compensation par l’hormone de synthèse est indispensable.
Mais la médecine est plus complexe et pleine de nuances suivant les situations rencontrées, et nous revenons au pourquoi de cet ouvrage, c’est de décrire au mieux les grandes situations rencontrées et les classer en sachant bien que les situations sont plus complexes dans la réalité.
Publier ainsi est un risque, que nous avons pris, c’est de favoriser l’automédication. Nous avons répété au cours de toutes ces pages que le médecin est indispensable. Même si votre tableau parait modéré ou fonctionnel ou débutant, sachez d’une part vous faire suivre par un médecin et prendre conseil au médecin homéopathe. Car de même que la thyroïde n’est pas un organe isolé, car comme toute glande hormonale elle est en constante interaction avec le système neuro-hormonal, immunitaire et psychique, de même ce déséquilibre thyroïdien est aussi à inclure dans la notion de terrain au sens large que seule l’homéopathie actuellement appréhende de manière si globale
Notre approche du terrain en homéopathie nous habitue à une vision plus globale de l’organisme malade que ce que l’on nous a appris à la Faculté de médecine. L’enseignement est certes indispensable mais ne s’adapte pas suffisamment à la pratique au cabinet médical et surtout aux préceptes hippocratiques, bases de notre art médical. En particulier le fameux « primum non nocere »
Dire actuellement que la médecine est un art semble mal venu. Nous sommes maintenant formés comme des techniciens de la santé et sommes assujettis à suivre des protocoles.
C’est tout le problème de la rencontre des objectifs de la santé publique et ceux de la santé individuelle, et c’est bien le rôle de l’omnipraticien de faire le lien. Et nous médecins homéopathes devons faire naturellement partie du paysage médical sans devoir sans cesse se justifier de l’efficacité. C’est le patient qui nous montre l’efficacité de la méthode et c’est à nous professionnels d’en prendre compte. Nous sommes docteurs en médecine et ayant découvert une thérapeutique qui est aussi un autre regard sur la médecine et une autre façon d’aborder le patient au cabinet. Une thérapeutique sans effets secondaires qui peut très bien s’associer et s’articuler aux thérapeutiques allopathiques indispensables et permettre de les utiliser à moindre dose.
Coauteur du livre : Confiez votre thyroïde à l’homéopathie
Collection Homeodoc Testez editions –Marco Pietteur