Spécialité de l'article : Généraliste
Parution du 26/08/2018 pour la lettre n° 88
INTRODUCTION
Ce terme est réservé par Samuel Hahnemann au SIMILLIMUM c’est-à-dire à une prescription parfaitement homéopathique.
Elle survient précocement dans les maladies aiguës, et présage que la maladie aiguë cèdera à la première dose.
Elle ne doit s’observer dans les maladies chroniques « diathèse chronique » que tardivement quand le patient est presque guéri, c’est le « retour des anciens symptômes ».
Dans les deux cas, elle est de bon pronostic, et l’abstention médicamenteuse la règle.
La répétition du remède est un choix délicat, pas toujours le meilleur, devant des « reliquats » de maladie naturelle, après l’aggravation homéopathique.
L’ORGANON (1)
§161 : Ce qu’on appelle aggravation homéopathique –ou plus exactement l’action primitive du remède homéopathique qui paraît accroître quelque peu les symptômes de l’affection pathologique à traiter, pendant la première ou les premières heures, s’applique plus volontiers aux maladies aiguës.
Mais quand des remèdes à longue durée d’action ont à combattre une « diathèse » chronique ou même invétérée, on ne doit pas observer de telles exacerbations en cours de traitement, et en fait, on ne les observe pas si on respecte certaines conditions :
1) Si le remède est parfaitement choisi,
2) Administré à la dose minime appropriée, §159
3) Si la dose n’est augmentée que lentement et prudemment
4) Et si à chaque nouvelle prise, selon ma nouvelle découverte, il est plus dynamisé
Dans les maladies chroniques : la nette exacerbation des symptômes primitifs de la maladie chronique ne peut se manifester qu’à la fin de pareilles cures (aggravation tardive)
PROBLEME DE LA REPETITION DU REMEDE (1)
§280 Ce retour d’anciens symptômes indique en outre que maintenant le principe vital n’a presque plus besoin du concours et des bons offices de la maladie médicinale semblable pour se dégager de l’emprise de la maladie naturelle §148.
Cela signifie que le principe vital, presque libéré de la maladie naturelle, ne ressent plus dès lors que l’influence de la maladie médicamenteuse, que l’on a coutume de désigner sous le nom d’aggravation homéopathique.
§281 Cette aggravation homéopathique (retour des anciens symptômes), c’est-à-dire par des malaises imitant les symptômes de la maladie naturelle - provient réellement du remède administré.
On laisse le malade sans aucune médication. Pendant cette trêve médicamenteuse, l’aggravation homéopathique s’évanouit alors en peu de jours ou même en quelques heures, et le malade, s’il continue à observer un régime de vie raisonnable, ne ressent au cours de sa convalescence plus rien de la maladie primitive dont il est alors très vraisemblablement délivré.
Mais, dans les derniers jours de cette trêve, alors que tout semble s’arranger pour le mieux, il sera possible d’observer la réapparition d’un ultime reliquat des anciens symptômes de la maladie. Si l’on vise la guérison, la reprise médicamenteuse se fera à partir du même plan de dynamisation, mais en quantité de nouveau très réduite, en se rappelant, comme dit plus haut, de l’augmenter graduellement.
§282 Au début du traitement, dans les maladies chroniques surtout, il peut arriver que les premières prises du remède provoquent déjà une aggravation homéopathique. Cette aggravation prouve de façon indubitable que les prises étaient trop grandes (pas assez minimes ou trop répétées).
§283 Si, par une de ces erreurs toujours pardonnables à la faiblesse humaine, (le prescripteur) a fait le choix imparfait du médicament, le dommage de sa relation incomplète avec la maladie serait, grâce à cette très faible dose, presque insignifiant et si léger, qu’il suffirait pour le réparer et l’éliminer rapidement, de la propre énergie vitale du sujet et de l’administration rapide et correctrice d’un autre remède plus homéopathique donné lui-même en très petite quantité.
EXPERIENCE du Dr Hui Bon Hoa sur la « réaction tardive (2)
Elle porte sur 88 cas chroniques.
Nous n’avons pris en considération que les cas qui n’ont reçu qu’une dose unique et la dose n’a été renouvelée dans aucun cas.
Lorsque le remède est le simillimum, l’amélioration dure des mois et des années, au moins 8 mois. Quant à la dynamisation, nous avons choisi délibérément la 30 ch pour les besoins de ce travail…
La presque totalité des malades se souvient à un jour près des dates des incidents de santé, au cours du premier mois. Nous avons calculé que 70 cas sur 88, soit 79,55% des cas ont réagi par une amélioration très nette et indiscutable dans les 8 et 10 jours.
Nous attendons actuellement 10 jours avant de faire le point dans les cas d’algie aiguë
Dans les cas d’infections aiguës, le délai d’attente a été fixé à 8 h.
38 cas sur 88 ont guéri sans présenter la moindre réaction d’aggravation.
50 malades sur 88, 15 jours après semblent rechuter, ce qui les amènent à vous reconsulter.
Pour le malade, la dose a cessé d’agir et il vient vous demander de lui prescrire une seconde dose ou un remède différent. Il ne s’agit pas de la réapparition des symptômes, ce qui indiquerait la répétition du remède à la dynamisation au-dessus, mais d’une réaction tardive et il vous faut prescrire un placebo.
Il y a des praticiens qui ont une telle phobie de la réaction qu’ils n’osent jamais prescrire de hautes dynamisations. Ils croient que plus la dynamisation sera élevée, plus la réaction sera violente. En fait il y a une dynamisation optimum. La détermination de ce seuil est une question d’expérience personnelle.
Eh bien 12 malades sur 88 après avoir ressenti un mieux très net ont présenté une réaction d’aggravation tardive. C’est beaucoup. Si vous savez résister à la tentation de renouveler la dose, votre malade guérira très vite. Connaître l’évolution des affections c’est connaître la moitié de l’homéopathie. Nous avons essayé de déterminer la durée de cette réaction tardive, nous n’avons jamais pu y arriver car deux mois après la dose le malade ne se souvient plus de rien. Il lui suffit de se sentir bien.
…C’est pourquoi nous avons seulement l’impression que la réaction tardive dure une quinzaine de jours, 10 jours très facilement. Et si cette date tombe entre le 15ème et le 26ième jour après la dose, il s’agit d’une réaction tardive, réaction que vous devez respecter. Prescrivez un placebo et reconvoquez votre malade dans 15 jours. Soyez assuré qu’il se sentira bien à ce moment-là. N’interprétez surtout pas comme une réapparition des symptômes ce qui imposerait la répétition du remède à la dilution au-dessus. La deuxième dose ne produira pas le même effet que la première et vous ferez la pathogénésie du remède à votre patient. »
EXPERIENCE PERSONNELLE (1982-2018)
En général je prescris une dose unique en haute dynamisation du simillimum probable et je préviens le patient des réactions éventuelles. Je revois le patient dans trois mois. J’évite ainsi la tentation de la répétition. Il est fréquent qu’au bout de ce délai le remède étant toujours actif, j’en informe le patient ou je donne placebo (eau agitée dans un flacon neutre). La dose unique me permet d’observer l’aggravation homéopathique, de la comprendre, de l’expliquer et de rassurer. La dose unique permet de chiffrer la durée d’action (longue).
Répétition : Chez les patients très chroniques, je teste depuis un an la dose unique en 30CH dissoute dans un flacon de 5 ml avec l’eau du robinet. Une prise mensuelle ou bimensuelle, voire quotidienne (dans les cancers) en ajoutant l’eau seule dans le flacon vidé conservé à l’abri de la lumière. Donc dynamisation très lentement progressive complétée par 10 succussions
CONCLUSION
Quand l’aggravation homéopathique survient, c’est la tentation de l’impatience et de la répétition
Pour mieux résister, se rappeler qu’elle signe un bon pronostic !
BIBLIOGRAPHIE :
(1) : Samuel Hahnemann, Doctrine Homéopathique ou Organon de l’art de guérir, 6ème édition, Ed J.B Baillière et Ed. Similia
(2) : Jacques HUI BON HOA recueil des publications, Groupe Mercurius Nîmes- Avril 1978