Spécialité de l'article : Agro-homéopathie
Parution du 19/12/2019 pour la lettre n° 93
Arbre sacré, fortement ancré dans la mémoire collective tout autour de la Méditerranée, l’olivier est riche de signification : nourriture, élément de base de la cuisine, remède, lumière, parfum, bois de construction, de chauffage ou d’ébénisterie. Tout ce qui vient de l’olivier peut être utilisé, même les grignons, déchets de l’extraction d’huile, sont employés comme aliments de bétail ou pour le chauffage.
À cause de ses multiples produits, l’olivier est devenu symbole de richesse et d’abondance. La dureté et la densité de son bois en font un symbole de force : la massue d’Hercule était fabriquée de bois d’olivier, et il en est de même du pieu avec lequel Ulysse terrasse le Cyclope dans l'Odyssée. Il est également Symbole de paix, de réconciliation et de pardon, puisque Dieu a choisi le rameau d'olivier pour annoncer à Noé la fin du Déluge. Symbole de victoire, il couronne les champions des Jeux olympiques d’Athènes. Symbole de fidélité, c'est aussi en bois d'olivier qu'est réalisé le lit d'Ulysse et Pénélope, lit qui n'accueillera aucun des nombreux prétendants au royaume d'Ithaque, durant les vingt ans d'absence du héros grec. Symbole de longévité et de vitalité, il a la capacité de surgeonner, c’est-à-dire de
produire des drageons qui vont se développer et devenir d’autres oliviers, aux côtés du pied initial après son dépérissement. Ce même pied peut d’ailleurs vivre plus d’un millénaire, ce qui est une belle espérance de vie pour toute une lignée d’oliviers... Cette espérance de vie peut toutefois être grandement raccourcie par le froid ou les maladies.
Historique
Des traces d’oliviers sauvages datant de plus de 14 000 ans ont été découvertes en Asie Mineure. Des feuilles fossilisées, du charbon et du pollen d’environ 12 000 ans ont été retrouvés dans des sites de fouilles préhistoriques en bordure du Sahara.
Mais on n’arrive pas à situer avec certitude l’origine de la culture d’olivier, même si l’on s’accorde à reconnaitre que 3 500 ans avant J-C, elle se serait faite en Syrie. En Crète, la culture de l’olivier et l’extraction de l’huile d’olive sur l’île datent de l’époque du roi Minos. Le plus vieux document réalisé sur tablettes d’argile, 2 500 ans avant J-C, mentionne déjà les différentes huiles d’olives, leur transport et leurs multiples usages. Lorsque les Grecs, au VII et VIIIième siècles av J.C, fondent des cités sur le pourtour de la Méditerranée, ils apportent
avec eux la culture de l’olivier qui s’étend d’abord en Italie, puis en Provence par l’intermédiaire des Phocéens, qui fondent Marseille en 600 ans avant J-C.
Sur les côtes sud de la Méditerranée, l’olivier progresse par l’intermédiaire des Phéniciens qui l’ont introduit dans leur colonie de Carthage. En parcourant la Méditerranée ils ont également fait la promotion de cet arbre merveilleux au liquide d’or. C’est ainsi que l’olivier va s’implanter durablement sur tout le pourtour de la Méditerranée, de la Grèce à l’Espagne en passant par l’Egypte, l’Italie, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et la Provence, l’olivier va s’implanter durablement sur tout le pourtour méditerranéen jusqu’au XIXième siècle.
Avec la période des grandes découvertes puis de la colonisation, il traverse même le détroit de Gibraltar pour voyager vers des pays plus « exotiques » comme la Californie, le Mexique, le Chili, l’Afrique du Sud et l’Australie.
Classification botanique et origine génétique : L’olivier appartient à la famille des oléacées, au genre Olea qui comprend 35 espèces dont la seule portant des fruits comestibles est Olea europea. Espèce
composée d’un complexe de six sous-espèces inter-fertiles différenciées par leurs caractères phénotypiques, génotypiques et leur répartition géographique ; il s’agit des sous-espèces cerasiformis, cupsidata, guanchica, laperrini, maroccana et europea, qui comporte 2 variétés : europea, (l’olivier cultivé) et sylvestris (l’oléastre ou l’olivier sauvage qui semble être l’ancêtre de l’olivier cultivé).
La combinaison d’oléastres localement sélectionnés et de cultivars importés donne actuellement plus de 2 500 cultivars recensés à travers le monde. Tous ces cultivars sont diploïdes (2n= 2x= 46), principalement allogames et ayant une taille de génome d’environ 1.800 MB.
Caractères botaniques :
- Les feuilles sont opposées, ovales allongées, portées par un court pétiole, coriaces, entières, enroulées sur les bords, d'un vert foncé luisant sur la face supérieure et d'un vert clair argenté avec une nervure médiane saillante sur la face inférieure. Le feuillage est persistant, et les feuilles vivent en moyenne trois ans puis jaunissent et tombent, principalement en été.
- Les fleurs sont blanches avec une corolle, deux étamines, un calice à quatre pétales ovales, et un ovaire de forme arrondie qui porte un stylet assez épais et terminé par un stigmate. Cet ovaire contient deux
ovules. Les fleurs sont regroupées en petites grappes de 10 à 20, poussant au début du printemps, à l'aisselle des feuilles âgés de deux ans. La plupart des oliviers sont auto-fertiles, c'est-à-dire que leur propre pollen peut féconder leurs propres ovaires. La fécondation se fait principalement par le vent et ne dure qu'une petite semaine par an. S'il ne pleut pas trop durant cette période, 5 à 10% des fleurs produiront des fruits pour une bonne production.
- Les fruits : L'olive est une drupe, dont la peau (épicarpe) est recouverte d'une matière cireuse imperméable à l'eau (la pruine), avec une pulpe (mésocarpe) charnue riche en matière grasse stockée durant la lipogenèse de la fin aout jusqu'à la véraison.
D'abord vert, il devient noir à maturité complète. Le noyau très dur, osseux, et contient une amande avec deux ovaires, dont l'un est généralement stérile et non fonctionnel: cette graine (rarement deux) produit un embryon, qui donnera un nouvel olivier si les conditions sont favorables.
Bio agresseurs :
Les problèmes phytosanitaires constituent le principal obstacle à la productivité de l’olivier. En effet, ses bio-agresseurs sont très diversifiés et nombreux. On en recense plus de 250, répartis entre 90 champignons, 5 bactéries, 13 virus, 3 lichens, 4 mousses, 3 angiospermes, 11 nématodes, 110 insectes, 13 Arachnides, 5 oiseaux et 4
mammifères. Ils affectent aussi bien la production d’olives que les populations d’oliviers, aucun organe de la plante n’est épargné.
Principaux bio agresseurs :
La Mouche de l'olive (Bactrocera oleae Gmelin) :
C’est le ravageur le plus dévastateur des olives. Il s’attaque essentiellement aux fruits et entraîne leur dépréciation. Il est considéré comme l'ennemi le plus redoutable des cultures oléicoles.
La mouche se développe à l'époque où la température devient plus clémente et vit exclusivement aux dépends de l'olive. Elle pond ses œufs dans les olives. Les premières pontes ont lieu au début du mois de juin sous la cuticule des olives suffisamment développées. On ne relève en général qu’un œuf par fruit mais parfois plusieurs piqûres peuvent exister sur le même fruit. La larve sort 3 à 6 jours après la ponte, en période estivale, elle creuse une galerie en direction du noyau et sillonne la pulpe du fruit.
Le développement larvaire dure 10 à 15 jours au bout desquels l’olive peut chuter. L’apparition des adultes indique le début d’une nouvelle génération. Les générations se succèdent ainsi jusqu’en octobre-novembre. La dernière génération se nymphose dans le sol où elle passe l’hiver sous forme de pupes. La mouche de l'olive
achève son développement pendant la période fructifère de l'olivier avec en général 3 ou 4 générations par an.
Les dégâts causés par cet insecte concernent la chute de 30 à 50 % d’olives immatures, la dépréciation et la dévaluation commerciale des olives de table et la détérioration de la qualité technologique des olives destinées à la trituration.
Psylle de l'Olivier (Euphyllura olivina) : Ce ravageur est de petite taille (2mm à 2,5mm) et de couleur gris sombre. Les adultes hivernent et les pontes printanières sont déposées en mars-avril à la face inférieur des feuilles des pousses terminale, de ce fait les larves produisent un abondant miellat. Le psylle effectue trois générations par an, mais la plus visible et la plus redoutable est celle se développant sur les inflorescences. Ses dégâts se manifestent essentiellement au printemps et sont causés par les larves les plus âgées qui entravent la fécondation des grappes florales en absorbant avidement la sève des organes attaqués.
Des groupements massifs de larves se forment alors sur les inflorescences, autour des fleurs non encore épanouies. Ils implantent leur rostre dans les boutons floraux ou leur pédoncule et font avorter les fleurs.
Les larves du 4ème et 5ème stade secrètent, en abondance une substance blanche cotonneuse et gluante qui les recouvre entièrement. De
plus, elles émettent profusément du miellat sur lequel se développe une abondante fumagine. Les dégâts peuvent atteindre 60% de la récolte.
La Cochenille noire de l'olivier (Saissetia oleae Olivier) :
C’est un insecte qui suce la sève de l'olivier. Son miellat est un excellent support de développement de la fumagine noire. La femelle pondeuse meurt en donnant des larves qui après trois stades de développement vont donner une jeune femelle devenant rapidement une femelle pondeuse. Cet insecte attaque les feuilles et le bois.
La Teigne de l'olivier (Prays oleae Bernard) : C’est un papillon dont les larves dévorent les organes floraux, les amandes des fruits et le parenchyme des feuilles. La teigne passe l'hiver sous forme de chenilles invisibles à l'œil nu, à l'intérieur des feuilles. Au printemps, peu avant la floraison, ces chenilles reprennent une vie active, se nourrissant quelques jours aux dépens du parenchyme, sortent et attaquent les bourgeons floraux et les jeunes pousses. Après s'être tissées un cocon, les chenilles se métamorphosent en papillons qui eux-mêmes, vont pondre sur les bouquets floraux non épanouis. Il en résulte une deuxième génération de chenilles qui dévorent les fleurs. La troisième génération s'attaque aux jeunes olives, pénètre dans le noyau, dévore l'amande et entraîne la chute des fruits en août- septembre.
Cet
insecte peut causer de graves dégâts sur la productivité des arbres (grappes florales desséchées, olives à terre trouées à la hauteur du pédoncule). Il provoque régulièrement la perte, par coulure et chute de fruits, de 20 à 40 % de la récolte.
L'oeil de paon (Cycloconium oleaginum) :
Cycloconium oleaginum est un champignon parasite caractérisé par l'apparition de taches brunes sur les feuilles adultes. Ces taches jaunissent par la suite, deviennent ocellées et arrondies. Ces attaques sont suivies d’une chute prématurée des feuilles qui affaiblit l'arbre. Quelquefois le mycélium se développe sur le pédoncule des fruits et les fait tomber.
La maladie de l’œil de paon peut occasionner d’importants dégâts sur l’olivier car elle s'attaque aux feuilles et aux fruits.
La Verticilliose (Verticillium dahliae) :
C’est un champignon vivant dans le sol et envahissant l'arbre lors d'une montée de sève. Ceci se fait lors de blessures des racines ou à la suite de la taille. La contamination se répand par des outils infectés. La gravité de son attaque réside dans le dessèchement de quelques branches d'olivier.
La Fumagine
C’est une maladie cryptogamique provoquée par une moisissure due à un champignon de type Capnodium oleaginum ou
Fumago salicina se développant sur le miellat. La fumagine en trop grande abondance réduit la photosynthèse et peut provoquer une asphyxie des feuilles de la plante attaquée. Elle ralentit la croissance et laisse une couche noirâtre sur les feuilles.
La Tuberculose de l’olivier (Pseudomonas syringae pv savastanoi) :
C’est une maladie bactérienne en progression dans les oliveraies du nord du Maroc où l'humidité de l'air et le gaulage favorisent sa dissémination.
Moyens de lutte : Dans le bassin méditerranéen, l'équilibre biologique entre les ravageurs de l'olivier et leurs ennemis naturels est bien établi depuis longtemps. Durant les dernières décennies, nous avons assisté à une intensification de l'oléiculture, marquée souvent par l'utilisation abusive des pesticides. Cette situation a provoqué un déséquilibre biologique au niveau des vergers oléicoles. Pour essayer de préserver l'équilibre biologique des vergers et assurer une meilleure protection phytosanitaire de cette culture, les oléiculteurs ont procédé à la lutte intégrée.
Parmi les méthodes de lutte non polluantes qu’ils ont développées :
• La lutte microbiologique à base de Bacillus thuringieusis contre la teigne de l'olivier. Cette méthode de lutte assure un meilleur contrôle de ce ravageur tout en
préservant l'entomofaune utile de l'olivier ;
• La lutte par piégeage en masse des adultes de Bactrocera oleae à l'aide de pièges appâtés avec une solution de sulfate d'ammoniaque. Cette méthode de lutte présente le grand avantage d'anéantir le ravageur avant l'apparition des stades nuisibles ;
• La réalisation d'études biologiques des pupes hivernantes de la mouche dans le sol. Les résultats obtenus permettraient de mettre au point une méthode de lutte culturale contre ce ravageur;
• Une bonne conduite de la taille de l'olivier pourrait réduire significativement les populations des ravageurs de l'olivier.
Mais, c’est la généralisation de la phyto homéopathie contre les bio agresseurs de l'olivier qui permettrait une meilleure rentabilité de ce secteur.
Pour maîtriser tous ces bio agresseurs, nous conseillons le recours à la phyto homéopathie. Pour choisir un remède parmi ceux consignés dans le tableau ci-après, il sera judicieux d’établir une répertorisation en tenant compte de la totalité des symptômes, de leurs modalités, des concomitants, mais aussi des conditions physico-chimiques du sol, des événements climatiques, des activités anthropiques récentes et passées, etc.
L’application de l’homéopathie pourrait également contribuer à l'amélioration de la qualité des produits de l'olivier.