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Cicatrices

photo de l'auteur absente
par Catherine Gaucher,
( Docteur dermatologue à La Roche-Posay)


Spécialité de l'article : Dermatologie

Parution du 01/01/2009   pour la lettre n° 51


Cet article est né de l’expérience acquise en dix ans de soins au Centre Thermal de La Roche-Posay, spécialisé dans le traitement des cicatrices de grands brûlés, et de l’observation de nos résultats au Centre Laser de La Roche-Posay. En effet, soucieux d’obtenir le meilleur rapport “résultats /inconvénients” pour nos patients, nous avons testé et utilisé différentes techniques peu agressives de réduction des cicatrices et de leurs inconvénients esthétiques, avec des résultats intéressants que nous rap-portons ici. Les techniques que nous avons utilisées sont en général peu connues et peu développées, particulièrement dans les milieux médicaux où la chirurgie réparatrice et les injections de dérivés de la cortisone sont souvent les seules alternatives proposées, mais elles méritent d’être diffusées, particulièrement chez les personnes sensibles et réactives.

DÉFINITIONS

Le mot “cicatrice” vient du latin cicatrix, trace sur la peau. Par extension, on l’utilise chaque fois qu’il reste une trace indélébile, physique ou psychique, d’un traumatisme particulier, non spécifique à la peau.

Habituellement, une cicatrice laisse une marque indélébile sur la peau, qui est de couleur différente et souvent plus mince et plus fragile à cet endroit-là, mais elle reste au même niveau que la peau alentour. Dans le cas contraire, malheureusement très fréquent, il s’agit d’une cicatrice anormale, qui peut être soit “en creux” (atrophique), soit “en bourrelet” (hypertrophique).

Les cicatrices dites chéloïdes sont de véritables tumeurs bénignes qui se développent à partir de la cicatrice et évoluentensuite pour leur propre compte. Il s’agit d’une maladie le plus souvent familiale, plus fréquente sur les peaux noires.

LE PROCESSUS CICATRICIEL

La cicatrice, trace indélébile, ne se produit sur la peau que lorsque la jonction dermo-épidermique a été franchie et que l’on a atteint le derme profond. Ceci explique qu’une intervention chirurgicale, ou une plaie par instrument tranchant, qui franchit obligatoirement cette limite, laisse une cicatrice. Mais il en est de même avec les brûlures et les lésions infec-tieuses de la peau. Les brûlures sont considérées comme du “premier degré” lorsqu’elles ne franchissent pas cette barrière, du “deuxième degré superficiel ou profond” lorsqu’elles atteignent le derme de manière plus ou moins profonde, du troisième degré lorsqu’elles atteignent l’hypoderme et les tissus sous-jacents (graisse hypodermique, aponévroses et muscles). Les brûlures des deuxième et troisième degré laissent nécessairement des cicatrices. Les lésions infectieuses de la peau, comme par exemple celles que crée le virus herpès-zona-varicelle, fournissent un autre exem-ple d’atteinte cutanée avec ou sans cicatrice indélébile. En effet, la vari-celle ou le zona peuvent ne pas laisser de cicatrices (selon la profondeur de la lésion dans la peau, et non pas selon le grattage ou non…attention à ne pas culpabiliser inutilement vos enfants


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!). La variole laisse des cica-trices car sa lésion atteint obligatoirement le derme profond : c’est là l’origine des “visages grêlés” d’autrefois, comme celui de Mirabeau.

LE PROCESSUS DE RÉPARATION CUTANÉE

Lorsque la peau est “ ouverte ” par une plaie ou une brûlure ou autre, un processus de réparation commence. Celui-ci se déroule en trois phases :
- inflammation : libération des produits de l’inflammation et afflux des cellules de l’inflammation et de la défense immunitaire contre les bactéries et l’infection en général ;
- prolifération : des cellules épidermiques et formation d’un tissu dit “de granulation”;
- contraction : prolifération des myofibroblastes (cellules qui fabri-quent les fibres), qui “resserrent” la plaie un peu comme le font les fils tressés dans un raccommodage de tissu.

Normalement ce processus s’interrompt lorsque la plaie est fermée. Par-fois, cependant, il se produit un phénomène d’emballement et le méca-nisme de réparation se poursuit, avec ses trois phases (inflammation, prolifération, contraction), ce qui donne lieu à des cicatrices anormales telles que nous les avons décrites plus haut.

LES CIRCONSTANCES D’APPARITION

Les personnes qui viennent en consultation pour des cicatrices sont dans des situations très différentes, qui vont des cicatrices de grands brûlés aux cicatrices d’acné, en passant par les grandes cicatrices chirurgicales et les chéloïdes, parfois monstrueuses.

Les circonstances d’apparition les plus fréquents sont:
- cicatrices d’acné : en creux, en “pic à glace”, à “l’emporte-pièce”, en “bourrelets”…, les manifestations variées de cette maladie don-nent lieu à des situations psychologiques parfois dramatiques et leur prise en charge médicale, largement justifiée, mérite d’être relayée par du personnel compétent et des techniques douces, efficaces avant les peelings profonds ou les dermabrasionschirur-gicales souvent évitables de nos jours.
- les grands brûlés et les accidentés : les grands délabrements dont ces personnes ont été victimes justifient une prise en charge en milieu médico-chirurgical et l’indication de la crénothérapie (cures thermales) est absolument indispensable dans la plupart des cas. La place du laser et des techniques alternatives est plus restreinte.
- Les cicatrices post-chirurgicales sont plus rarement l’objet d’ano-malies, d’autant moins que la généralisation de la compression par les pansements de silicone a réduit considérablement la fréquence des cicatrices hypertrophiques post-opératoires.

LA POPULATION TRAITÉE A LA ROCHE-POSAY POUR CICATRICES

Au total, depuis août 2000, 289 personnes atteintes de cicatrices ont demandé un traitement au cabinet dermatologique ou au Centre laser de La Roche-Posay. L’âge moyen est de 35 ans, avec des extrêmes allant de 3 ans à 82 ans. Le sexe féminin est nettement plus représenté (204 femmes et fillettes pour 85 hommes et garçons), conséquence


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directe de la gêne esthétique, en général plus marquée chez les femmes.Les cica-trices pour lesquelles un traitement est le plus souvent demandé sont naturellement celles du visage et des zones découvertes.

LES TRAITEMENTS UTILISÉS

Les traitements que nous utilisons sont principalement des techniques dites non invasives, donc non agressives. La majorité des patients venus à La Roche-Posay pour des cicatrices est, bien entendu, traitée par l’eau thermale : c’est la crénothérapie. Elle comprend l’application de l’eau thermale sur la peau sous différentes formes (jets plus ou moins puis-sants, bains, massages, etc.) pendant une ou deux heures chaque jour et pendant 18 jours consécutifs. Pour les grands brûlés, il est conseillé d’ef-fectuer une cure de 18 jours tous les six moispendant les deux premières années ; ensuite, une cure par an aussi longtemps que nécessaire (en moyenne trois à cinq ans).

Les autres techniques employées au Centre laser de La Roche-Posay comprennent essentiellement l’utilisation de lasers vasculaires, tels que le laser à colorant pulsé. En effet, en agissant sur la microcirculation cuta-née, on augmente probablement les échanges dermo-épidermiques et le rôle de la jonction dermo-épidermique dans les échanges entre le derme et l’épiderme. Donc on favorise le processus de réparation cutanée et on permet à la cicatrice de “revivre”,en quelque sorte de se refaire à nou-veau, donc d’améliorer le résultat final s’il était disgracieux.Concrète-ment, les effets des lasers vasculaires sont semblables à ceux de la cré-nothérapie,tout en étantnettement plus rapides dans le temps : une séance de laser à colorant pulsé fait le même effet sur une cicatrice hypertrophique que trois semaines de cure thermale.

LES RÉSULTATS OBTENUS

Nous avons interrogé les patients sur leur appréciation des résultats. Sur les 289 patients, 189 ont répondu au questionnaire: 80 % d’entre eux ont trouvé le résultat “bon” ou “ excellent".

Les effets secondaires sont pratiquement nuls : mises à part quelques réactions imprévues de type purpura après laser à colorant pulsé (apparition de sang sous la peau comme un hématome, qui disparaît en quelques jours). Ni la crénothérapie, ni les lasers vasculaires ne présentent d’effets secondaires. La plupart du temps, on ne voit abso-lument rien après la séance. La cicatrice en général s’aplatit de moitié dans les minutes ou même les secondes qui suivent (la palpation permet de le sentirsous le doigt). Les cicatrices rouges ou violacées s’éclaircis-senten principe dans les deux semaines qui suivent. Deux ou trois séances sont nécessaires en général. On les espace de trois semaines à un mois.

CONCLUSION

Le traitement des cicatrices par des méthodes non invasives s’avère prometteur. Le Centre laser de La Roche-Posay organise des formations pour les professionnels de santé intéressés par ces techniques afin de faire connaître ces techniques et d’en faire profiter le plus grand nombre.

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