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Révolutionner la pratique de l’homéopathie? Tout est déjà dans l’Organon!

photo de l'auteur
par Jean Lacombe
( Homéopathe acupuncteur)


Spécialité de l'article : Généraliste

Parution du 15/12/2018   pour la lettre n° 89


Notre époque a des avantages pour l’homéopathie. Il est aujourd’hui tellement facile de perfectionner ses connaissances. En effet, plusieurs de nos « grands maîtres » font le tour du monde pour présenter des conférences nous permettant de comprendre les cheminements (parfois « artistiques ») qui les conduisent à la bonne prescription et bien sûr, à la guérison des patients.
À ces opportunités s’ajoutent évidemment la multitude des informations auxquelles on peut maintenant avoir accès sur internet. Des cours d’homéopathie en ligne, des commentaires, des récits de guérisons, des présentations de nouvelles méthodes, de nouveaux remèdes, de nouveaux livres…
Pour un grand nombre de ceux qui allèguent faire évoluer l’homéopathie, ces « révolutions » ou bonifications sont totalement conformes aux fondements qu’Hahnemann a exposé dans son « Organon de l’art de guérir ». L’Organon apparaît être un livre d’une telle richesse, qu’il semble parfois possible (un peu à l’image des innombrables interprétations qu’on tire des grands livres religieux…), de justifier un peu tout (et son contraire).
Par exemple, il n’est pas évident que les chemins sur lesquels nous conduit le merveilleux enseignement de Vithoulkas soient sur la même hémisphère que les voies ou se situent ceux de Sankaran. Et pourtant… leur enseignement et leur pratique reposent sur… l’Organon!
Ce dont je prends cependant conscience aujourd’hui, autant à la lecture des enseignements et récits de guérisons des « anciens » que des homéopathes modernes, quelques soient « l’élévation » des théories soutenant la prescription du remède ayant conduit à la guérison, c’est qu’une dimension importante et claire de l’Organon n’est que rarement évoquée dans tous les récits de guérison.
Il suffirait peut-être d’accorder une certaine importance à quelques commentaires d’Hahnemann, présentés dans l’Organon, pour véritablement « révolutionner » la pratique de l’homéopathie.

Les trois piliers de cette « révolution » me semblent reposer sur les éléments suivants.

  1. De nombreux états pathologiques cèderont aisément, sans prescription de remèdes homéopathiques, si on sait voir et éliminer les causes sur lesquelles ils reposent.
  2. Le rôle de l’homéopathe n’est pas uniquement de guérir le patient, mais également de le conseiller et accompagner sur le chemin de la santé retrouvée
  3. La prescription homéopathique qui adjoindra des mesures et des thérapeutiques alternatives et complémentaires conduira plus rapidement et efficacement au rétablissement de la santé du patient.

1/ Éliminer les causes :
Le sujet des « causes » de la maladie est abordé dans plusieurs aphorismes de l’Organon. Dans l’aphorisme 77, Hahnemann affirme que… plusieurs maladies chroniques ne sont en fait qu’apparentes et qu’il s’agit uniquement d’éliminer les erreurs diététiques et les fautes d’hygiènes qui les génèrent pour que ces maladies disparaissent.
On pourra s’appliquer à rechercher la totalité des symptômes… faire un travail de valorisation exceptionnelle des symptômes… répertorier artistiquement au moyen d’un logiciel homéopathique de la dernière génération… prescrire ce qui apparait clairement être le remède similimum, mais…
Tout cela sera parfaitement inutile et superflu lorsqu’on saisit que…


Pour Hahnemann… « Ces atteintes que l’on porte soi-même à sa santé, peuvent disparaître spontanément par un changement dans la manière de vivre… »
Mille autres exemples de ce type peuvent illustrer que l’homéopathe, bien avant que de chercher à guérir (et prescrire…) doit souvent simplement comprendre ce qui peut « nuire » …et tout simplement l’éliminer.
Dans le monde d’aujourd’hui, où tant de maladies sont liés aux erreurs qui proviennent de l’ignorance des règles qui sous-tendent notre relation avec l’environnement, il apparaît être du devoir de tout homéopathe que de pouvoir distinguer les erreurs qu’entraînent une mauvaise relation avec celui-ci… de façon à en corriger les déviations.

2/ Conseiller le patient sur le chemin de l’entretien de sa santé.
Pour Hahnemann, le médecin homéopathe doit…
« En même temps être le conservateur de la santé, s’il connaît les conditions qui la troublent, qui engendrent et entretiennent les maladies, et s’il sait les écarter de l’homme bien portant ». (Organon §4)
Encore une fois… d’abord, écarter ce qui peut nuire, éliminer les causes, mais aussi, « savoir conserver la santé ». Au-delà de l’acte de prescrire et guérir, savoir, lorsque la santé est rétablie, donner les conseils qui permettront de l’entretenir voir de s’épanouir… mais aussi des conseils permettant de prévenir la manifestation des maladies.
L’homéopathe d’aujourd’hui peut-il ignorer les effets de l’alimentation industrielle, chimique et artificielle sur la santé? Colorants, pesticides, perturbateurs endocriniens, irradiations, antibiotiques, etc., font partie de l’alimentation d’un grand nombre de nos patients. Les effets de ce type de régime se manifestent à moyen terme par une modification du « terrain » du patient, entraînant une accélération des états psoriques, sycotiques ou luétiques pour souvent se matérialiser en fin de compte sous la forme d’un cancer.
L’homéopathe peut-il faire l’économie de conseils avisés portant sur l’importance des régimes dans le maintien de la santé ou dans la genèse de l’intoxication qui conduit à la maladie. Par ailleurs, s’il désire maintenir la santé de son patient, il doit aussi connaître les principes les plus importants de l’hygiène pour savoir les communiquer à son patient.
Savoir guérir est une chose.
Connaître comment entretenir la santé en est une autre!

Hippocrate enseignait : « Que ton aliment soit ton remède ». L’homéopathe peut-il faire s’abstenir de connaître les principes de base de l’alimentation? Peut-il faire l’économie de conseils diététiques avisés lors de sa prescription d’un remède homéopathique? 


3/ S’adjoindre des outils thérapeutiques complémentaires.
Dans la 6ième édition de l’Organon, Hahnemann consacre plusieurs aphorismes à décrire les effets positifs et significatifs que peuvent avoir pour la santé diverses approches thérapeutiques.
Outre l’importance de la diète et du régime (notamment #259) et d’une approche psychologique éclairée (#96-99…), il décrit les bienfaits de la massothérapie (#290), du magnétisme minéral (#287), de la balnéothérapie (#291) et celui des passes magnétiques (#288), (ce qu’il appelle le magnétisme animal), dont il écrit dans un grand élan d’enthousiasme que « Ce mode de traitement est un bienfait prodigieux et inappréciable de Dieu à l’humanité ».
Du reste, au dire de l’un de nos plus illustres collègues, l’homéopathe Robin Murphy, Hahnemann a toujours adjoint à sa pratique de nombreux principes de la naturopathie, notamment la prescription de tisanes et de toniques.
Au rythme ou l’œuvre d’Hahnemann a évolué (6 éditions de l’Organon sur une trentaine d’années) on peut se demander, 180 ans plus tard, qu’elle place il aurait accordé dans une nouvelle édition de l’Organon à des commentaires bienveillants sur l’aromathérapie, la gemmothérapie, le Reiki, les vitamines, minéraux, probiotiques, oméga, etc.
Un homéopathe comme Tinus Smits, renommé pour son protocole de traitement de l’autisme, fait une large place dans ses prescriptions à un éventail de moyens thérapeutiques complémentaires. Ma propre expérience me conduit également à constater que les résultats sont plus rapides et que l’efficacité des traitements est plus grande lorsqu’on ne résume pas sa pratique de l’homéopathie à la seule prescription de granules dynamisées.
L’Organon nous enseigne qu’une véritable guérison ne peut survenir que parce que le remède prescrit agit selon le principe de similitude, c’est-à-dire dans un langage moderne, qu’il est nécessaire qu’il y ait adéquation entre la fréquence de la maladie du patient et la fréquence du médicament prescrit.
Cette possibilité d’adéquation (similitude) ne se retrouve pas uniquement au niveau de granules dynamisées, mais également à tous les niveaux de l’existence, incluant bien sur cette si nécessaire « similitude psychologique » entre le patient et le thérapeute qu’on appelle « la compassion ».
Est-ce qu’une huile essentielle de Lavande ou d’Eucalypsus peuvent répondre au principe de similitude de certains états maladifs? Est-ce que la prise de vitamine C, à un certain dosage, peut éradiquer (et non pallier) certaines pathologies? De combien de façons différentes se manifeste la similitude?


Conclusion.
Bien au-delà de l’art et de la science de la prescription d’une substance diluée et dynamisée, plusieurs aphorismes de l’Organon indiquent que…

  1. De nombreuses causes de la maladie peuvent être éliminées sans aucune prescription. (D’ailleurs, si les causes ne sont pas éliminées, la prescription d’un remède nécessitera de récurrents épisodes de répétitions… signe que la guérison est incomplète).
  2. Conseiller le patient sur la façon d’entretenir sa santé. Il s’agit donc pour l’homéopathe de connaître les « lois » qui sous-tendent la relation qui doit exister entre l’être humain et l’environnement. L’ignorance de ces principes condamne le patient à de récurrents retours de la maladie.
  3. Utiliser tous les moyens alternatifs et complémentaires qui puissent contribuer au rétablissement rapide et profond de la santé. Ces outils dépassent largement le seul univers du remède dilué et dynamisé.


Je crois qu’en intégrant ces conseils d’Hahnemann, l’homéopathe évite l’un des pièges dans lequel est enfermée la médecine moderne. Un médecin doit comprendre que si la science de vaincre la maladie exige de longues et complexes études ainsi que des habilités mentales aiguisées, la santé, elle, repose sur un art de vivre qui doit être reconnu… conseillé et prescrit.

Gravure de Hannemann
Gravure de Hannemann

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