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Les cochenilles

photo de l'auteur
par Aziz Yaacoubi
( Ingénieur agronome)


Spécialité de l'article : Agro-homéopathie

Parution du 26/08/2018   pour la lettre n° 88


Les cochenilles, peste des cultures (florales, maraichères…), des arbres et arbustes (forestiers, fruitiers et ornementaux), sont des homoptères, appartenant au même ordre que les pucerons, les psylles, les cicadelles, et les aleurodes. Elles sont implantées dans tous les biotopes des tropiques à la toundra. Sérieux ravageurs des espèces végétales, elles sont souvent difficiles à apercevoir, on les repère seulement quand le niveau des dégâts est très important. Elles se développent sur toutes les parties de la plante-hôte, les feuilles, les branches, le tronc et les racines. Il en existe de nombreuses espèces, parfois très polyphages comme le pou de San José ou, à l’inverse inféodées à un seul hôte (cochenille du fusain)

DESCRIPTION
Les cochenilles sont caractérisées par un dimorphisme sexuel : Les femelles adultes sont aptères et presque immobiles, elles peuvent avoir ou non des pattes et apparaissent comme des petits sacs sans distinction entre la tête, le thorax et l’abdomen. Elles produisent en général des sécrétions cireuses qui recouvrent leur corps, et l’amas de leurs sécrétions peut ressembler à des graines, des moules, des lichens, des filaments et être farineux… Les mâles adultes par contre possèdent une paire d’ailes, des pattes bien développées et une nette segmentation tête-thorax-abdomen. Dépourvus de mandibules, les mâles adultes ne s’alimentent plus et s’envolent à la recherche de femelles afin de s’accoupler. Leur durée de vie est de quelques jours.

CLASSIFICATION
Les entomologistes ou plutôt les coccidologistes ont décrit plus de 6 000 espèces et ils les ont classées dans une vingtaine de familles. Historiquement la classification des cochenilles est basée sur la morphologie des femelles. Les caractères morphologiques internes des larves et la carte génétique sont aussi des outils précieux pour l’identification des espèces. Ainsi trois grandes familles ont été constituées :
- les pseudococcidae ou cochenilles à corps mou (farineuses) 
- les coccidae ou cochenilles à carapace 
- les diaspididae ou cochenilles à bouclier 

BIOLOGIE
Chez les pseudococcidae (cochenilles à corps mou), les femelles adultes produisent une sécrétion farineuse blanche recouvrant tout le corps. Leur taille peut atteindre 5 mm. Après la ponte, le cycle biologique passe par 3 stades larvaires pour la femelle et 4 pour le mâle. Les œufs sont pondus dans des ovisacs, masse collante de filaments cireux. Les femelles meurent après la ponte. Les larves de premier stade sont marron jaune. La plupart des espèces ont une à deux générations par an, mais peuvent avoir jusqu’à huit générations dans les cultures sous abri où elles se maintiennent en hiver.
Chez les coccidae (cochenilles à carapace), les femelles sont protégées par une coque cireuse brune, noire ou grise, de forme variable, elles passent par 2 ou 3 stades larvaires alors que les mâles en ont 4, avec une à deux générations par an dans les régions


Cochenille
Cochenille

tempérées et parfois six générations sous serre. En général le premier stade colonise les feuilles de la plante-hôte. Les femelles immatures continuent de se nourrir sur les feuilles jusqu’à la fin de l’été ou le début de l’automne moment où elles migrent vers les tiges ou les branches. Les plus communes sont Coccus hesperidum (pou des Hespérides) et Saissetia oleae (cochenille noire de l’olivier) qui s’implantent aussi sur fleurs coupées sous serre (Anthurium, Gerbera, …).
 Chez les diaspididae (cochenilles à bouclier), considérées comme les plus évoluées, les femelles adultes sont caractérisées par la présence d’une coque de forme et de couleur variables (blanchâtre, brun foncé, brun rougeâtre), c’est une protection qui n’est pas attachée au corps de l’insecte et qui est constituée de sécrétions cireuses. Les œufs sont pondus sous le bouclier et une petite fente de la partie postérieure permet aux larves de s’échapper. D’une biologie très variée, elles comprennent une à six générations par an, la période de diapose pouvant apparaître quasiment à tous les stades. Les diaspididae infestent les branches et les feuilles de leur hôte, rarement les parties souterraines. Parmi les plus communes Aonidiella aurantii ((pou rouge de Californie), Quadraspidiotus perniciosus (pou de San José), Aulacaspis rosae (cochenille du rosier) et Aonidiella citrina (cochenille jaune).

DEGATS
Les dégâts provoqués par les cochenilles sont multiples. Ces insectes piqueurs suceurs entrainent affaiblissement des plantes, retard de croissance, déformation et jaunissement des feuilles suivi d’une senescence. Les cochenilles ingèrent une grande quantité de sève pour satisfaire leur besoin, et rejettent le surplus de sucre sous forme de miellat, sur lequel se développe la fumagine, moisissure souvent noire qui réduit la photosynthèse et constitue également une souillure pouvant réduire la valeur marchande du produit ou même interdire sa commercialisation (légumes, fruits, fleurs coupées …).
Outre la fumagine, un autre phénomène est observé suite à la présence de miellat, en effet une association mutualiste peut s’instaurer entre les cochenilles et les fourmis, nommée la trophobiose. Cette mutualité est basée sur l’échange de miellat contre la protection, c’est-à-dire que les fourmis vont protéger les cochenilles des prédateurs et des parasites en les transportant à un autre endroit ou en leur construisant des abris en contrepartie  du miellat.
La présence d’une seule cochenille peut aboutir à la présence d’une colonie, à l’installation de fumagine et aussi à l’invasion de fourmis.

MOYENS DE PROTECTION DES PLANTES
Il est indispensable de mettre en place des méthodes de lutte afin de limiter la prolifération des cochenilles, certaines sont plus efficaces que d’autres et plus ou moins respectueuses de l’environnement. On s’adapte selon ses moyens et selon le seuil de nuisibilité : en effet les cochenilles sont très difficiles


Infection cochenilles
Infection cochenilles

à combattre, notamment les femelles matures à bouclier et carapace. Les méthodes de lutte peuvent être de nature chimique ou biologique.
La lutte chimique est difficile. Il faut retarder les infestations par des mesures prophylactiques (vide sanitaire, désinfection des structures et matériel de culture). Vérifier l’état sanitaire des plantes avant leur mise en culture, puis régulièrement pendant la culture. Le nettoyage manuel et parfois la taille évitent la formation de gros foyers. Les outils de taille et de récolte doivent être désinfectés. En présence de sujets très attaqués, éliminer au cours de l’hiver les rameaux et les branches les plus envahis, brûler les déchets de taille.
Des traitements à base de pyrèthre naturel, savon noir ou savon potassique peuvent limiter les infestations. Ils doivent être pulvérisés en prenant soin de bien mouiller la face inférieure des feuilles, les tiges et les branches.
La présence de fourmis et de fumagine indique l’installation des cochenilles c’est le signe d’un niveau élevé d’infestation. Eliminer les fourmis avant d’entreprendre les lâchers d’auxiliaires car elles peuvent les tuer.
Les insectes sont très présents en lutte biologique, c’est un moyen permettant de réduire les effectifs du ravageur en utilisant ses ennemis naturels. Elle est basée sur une relation naturelle entre la cible et l’auxiliaire, comprenant insectes prédateurs et parasitoïdes. La lutte biologique offre la meilleure garantie de réussite lorsque les conditions sont réunies (absence de résidus chimiques). Historiquement, elle a débuté par des lâchers de Rodolia cardinalis, coccinelle prédatrice, sur la cochenille australienne Iceria purchasi. Aujourd’hui, la coccinelle la plus couramment utilisée dans la lutte contre les cochenilles farineuses et à carapace est Cryptolaemus montrouzieri. Cet insecte originaire d’Australie est caractérisé par un abdomen noir, un thorax et une tête rouge brique, d’une taille d’environ 3 à 4mm de long. Son cycle de développement varie de 1 mois à 28°C à 45 jours à 21°C, et se divise en 4 stades : œufs, larves, nymphe et adulte. Le stade larvaire dure environs 2 semaines. De couleur blanche et filamenteuse, les larves ressemblent fortement à leurs proies cependant leur taille peut atteindre 13 mm et sont d’une nature plus mobile que les cochenilles. Les plus jeunes larves consomment préférentiellement les œufs alors que les plus âgées consomment tous les stades. Durant leur vie larvaire, elles peuvent consommer jusqu’à 250 proies. Les œufs, jaune orangé, ovales et lisses d’une taille d’environ 1 mm sont déposés à proximité des cochenilles. La dose conseillée est de cinq larves ou adultes au m² de culture, mais son prix reste prohibitif.
Aphytis melinus, utilisé au Maroc dans les vergers d’agrumes, est une petite guêpe couleur jaune clair d’environ 1mm. Cette guêpe parasite plusieurs espèces à bouclier. La femelle pond ses œufs en dehors du corps des cochenilles, sous le bouclier de protection de ces espèces. Par la suite, la larve de la guêpe sort de


Cochenilles
Cochenilles

l'œuf et pénètre à l'intérieur du corps de la cochenille, dont elle se nourrit en continuant son développement (2-3 semaines) jusqu’à l'âge adulte. Enfin, l’adulte émerge du corps de la cochenille pour continuer la recherche de nouvelles proies. Aphytis melinus va parasiter mâles et femelles de 2ème et 3ème stade et les femelles adultes non fécondées
La larve du chrysope est également efficace lors d’une infestation moyenne. Mais son activité diminue en cas de fortes attaques. Les autres organismes de contrôle des cochenilles sont souvent spécifiques. Citons les parasitoïdes qui sont monophages tel que Leptomastix dactytlopii qui pond ses œufs uniquement dans la cochenille Planococcus citri, et le genre Metaphycus qui parasite les larves de Saissetia oleae. D’autres parasitoïdes peuvent s’implanter naturellement d’où la nécessité d’observer les points d’infestation.

La phyto homéopathie peut aussi être considérée comme un moyen de lutte biologique, mais à l’inverse des autres moyens qui ciblent les bio-agresseurs et qui sont biocides, l’homéopathie s’intéresse à la plante dont elle stimule la défense naturelle.


 Le répertoire de Kaviraj indique contre les cochenilles :
    Dures : Bombyx processionea, Coccus-cacti, salvia officinalis, Shellac
    Miellat : Coccus-cacti, Shellac
    Molles : Bombyx processionea, Coccus-cacti, salvia officinalis, Shellac
Mais on peut également utiliser Tropaeolum majus, Ricinus communis, Thuya occidentalis, Bufo bufo, Satureja hortensis, Chrysoperla carnea, Syrphida larva, Coccinella septempunctata, ainsi que les nosodes des ravageurs ou les remèdes développés à partir des leurs ennemis naturels.
Remarque : Pour Coccus cacti comme pour Coccinella, il faut faire attention de ne pas répéter le remède. Un surdosage attirera le ravageur aux plantes, engendrant des infestations répétées.
Conseils pratiques : comme vous le savez, il n’existe pas de protocole universel en homéopathie, science expérimentale. Mais nous pouvons toutefois essayer d’arroser le pied de la plante infectée (ou la pulvériser) avec une quantité suffisante d’eau imprégnée et dynamisée de 5 granules du remède choisi. La dilution doit être raisonnée en fonction de l’âge de la plante, de l’ancienneté de l’infection et du type de remède.  Pour une plante annuelle par exemple on peut commencer avec du 6 CH pour tous les remèdes (nosodes compris) sauf les remèdes obtenus à partir de prédateurs ou parasitoïdes, pour lesquels il faut traiter avec du 6 ou 8 DH. Sans résultat dans la semaine, vous pouvez essayer un autre remède.

ATTENTION, ne jamais appliquer deux remèdes à la fois, mais seulement successivement. A titre d’information, Staphysagria est efficace pour un grand nombre d’homoptères dans la palmeraie de Skoura, Thuya a lui donné un bon résultat sur cochenilles dans la région lyonnaise, comme chez les humains, n’oubliez pas que nous soignons la globalité de l’être vivant, qui est unique !


Cochenilles implantées
Cochenilles implantées

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